Nous sommes en 1942, Irene a 19 ans et l’éclat dans les yeux d’une enfants. Une fille enthousiaste constamment enjouée et enjolivée par la vie, par sa passion pour le théâtre, par sa tendresse pour sa famille, par son excitation des premiers émois amoureux. Une fille intemporelle : elle aurait pu exister hier comme aujourd’hui comme demain, elle ne diffère pas des jeunes générations à travers le temps. Elle est aussi juive, elle prie « par ce qu’elle est libre » dira-t-elle à sa grand mère qui elle, ne pratique pas. Cependant, Irène fait souvent des malaise qu’elle ne comprend pas et dont elle ne cherche pas la cause tant elle est occupée par les tumultes des premières fois de sa jeune vie.
1942, l’Allemagne occupe la France, l’oppression des populations juives débutent par l’obligation de tamponner « JUIF » en rouge sur les papiers d’identité. Une tension plane déjà dans le foyer, un sombre voile invisible s’abat sur l’atmosphère familiale, mais celui-ci est rompu par Irène, lumineuse, qui n’a que faire de ces conditions qui n’entraveront pas son quotidien. Elle se préserve, elle se fait préserver par son entourage, le spectateur la préserve aussi des atrocités sous entendu qui lui arriverons dans le futur. Sous entendu car nous sommes témoins du passé, que nous connaissons les immondices de l’histoire, que nous pré-sentons ce qu’il arrivera à cette fille que nous apprécions de plus en plus. Sous entendu car; pour cette intemporalité et pour nous montrer qu’une jeune femme qui croquait la vie à pleine dents n’aurait jamais pu prévoir de telles atrocités; la réalisatrice tente d’effacer les repères historiques notoires, fait apparaître de temps à autres des signaux symboliques de l’oppression mais toujours de façon discrète (étoile jaune dissimulée sous les cahiers qu’Irène porte contre sa poitrine).
Nous sommes dans un point de vu subjectif dans lequel, avec Irène, nous allons bien, nous savons, mais nous allons bien car elle nous illumine. La réalisatrice nous emmène dans un flot qui rompt avec l’Histoire : nous devenons Irène et nous ne voyons rien arriver car la lumière des plan, la tendresse des relation, la légèreté de la musique, la volupté des mouvements de caméra nous convint de ce bien être. Comment pourrait-il se produire quoi que ce soit qui rompe avec cette atmosphère ?
C’est le dernier plan de fin, subjuguant, choquant, qui coupe le souffle et laisse partir toute les larmes que nous retenions au fond de nous depuis le début du film. Ce flot de larmes contenues dans une partie de notre esprit que nous avions décidé de laisser de côté.
Car oui, là est toute la finesse du film, ce n’est qu’à la fin que nous nous rendons compte du maillage d’émotions que celui-ci nous a procurer.
Nous nous rendons compte de notre conscient et de l’inconscient. Autant des nôtres que ceux d’Irene. Elle qui s’évanouissait souvent sans comprendre pourquoi, qui subissait des moments d’absences lorsqu’on lui apprenait que son ami avait disparu sans laisser de nouvelles. Elle savait, nous savions, mais elle ne voulait pas voir, donc nous ne voyions pas.
Elle était nous aujourd’hui. Elle ne soupçonnait rien et vivait, comme une jeune femme de 19 ans devait vivre.