Nous sommes en 1942, et le quotidien de la population juive commence à vaciller. La menace rôde, les contraintes s’imposent, le danger progresse. Pourtant, le film ne tourne qu'autour d’Irène, sa soif de vie, de théatre et d’amour.
Sandrine Kiberlain est sans doute une bonne réalisatrice, mais surtout une bonne scénariste. Car pour mêler les bribes de son histoire personnelle à celle de son récit familial, elle a choisi de n’instiller que discrètement le lourd contexte dans lequel le récit prend place. Ici, pas de décors historiques, pas de SS, de drapeau ou de salut nazi, pas de bruits de bottes ou de rafles. Les seuls mots d’allemand sont prononcés par Irène et son frère, pour s’amuser.
Bonne scénariste car, en choisissant l’échelle de l’humain et même de l’intime pour raconter un moment historique, elle le rend intemporel et donc universel. C’est un choix sans doute discutable, en tout cas délicat à manier. Le jeu d’équilibriste est plutôt bien maîtrisé, même si quelques scènes surjouent peut être l'insouciance, et même si l’anachronisme de certains choix musicaux interroge.
Au final, on peut rester personnellement assez imperméable aux scènes de répétition théâtrales, comme cela a été mon cas, tout en étant traversé par toutes les autres émotions que vit l'héroïne -Rebecca Marder, excellente-, et ce jusqu’à cette dernière image noire, terrible.