Si Howard Zieff n’est pas le plus connu des réalisateurs américains, sa filmographie est suffisamment estimée sur différents sites pour lui donner sa petite chance. Sa carrière a principalement reposé sur des comédies, il a fait jouer entre le milieu des années 1970 et celui des années 1990 différents acteurs renommés, dont James Caan (Slithers), Barbra Streisand (Tendre combat), Goldie Hawn (La Bidasse), Dan Aykroyd ou Macaulay Culkin (My Girl).
Un réalisateur à découvrir, dont le premier pas pour mieux le connaître se fait donc avec Une Journée de fous, sorti en 1989, qui réunit Michael Keaton, Christopher Lloyd, Peter Boyle et Stephen Furst.
Tous ces braves acteurs jouent le jeu en interprétant des patients avec de légers problèmes mentaux, avec Billy (Michael Keaton), mythomane un peu agressif, petit voyou au grand coeur, Henry (Christopher Lloyd), obsédé par l’ordre, convaincu d’être un docteur, Jack (Peter Boyle), ancien publicitaire, persuadé d’être la réincarnation du Christ et Albert (Stephen Furst), qui lui ne s’exprime que par des expressions de commentateurs sportifs qu’il regarde sur la télé de l’hôpital.
Ce petit groupe est sous les bons soins du Dr Weitzman (Dennis Boutsikaris), psychiatre affectueux et humaniste, malgré les réticences d’autres membres du corps soignant peu convaincus des progrès possibles de ces zigotos. Il parvient à convaincre la direction de les emmener voir un match de base-ball au Yankee Stadium de New-York. Si la route se déroule sans encombres, le bon docteur et Albert sont témoins d’un meurtre, le premier doit être emmené à l’hôpital suite à un choc, sans que les secours ne puissent savoir qu’il avait sous sa garde les patients. Ceux-ci sont alors livrés à eux-mêmes. Certains vont en profiter pour retrouver de vieilles connaissances. Mais ils devront se regrouper et agir ensemble, malgré leurs différences et leurs animosités, notamment pour s’innocenter par la suite du meurtre que les responsables veulent mettre sur le dos de ces doux mabouls.
Le film suggère que les plus fous ne sont pas ceux qu’on croit, cette équipe étant confrontée à un New-York qui n’est guère plus sain qu’eux, entre les richards qui se croient tout permis au restaurant, des clients de bar peu sympathiques ou des flics corrompus qui veulent leur faire porter le chapeau du meurtre. Cette vague critique n’ira guère plus loin, car il ne s’agit pas d’offrir un message, juste un vague fonds.
Ces fous ne sont guère inquiétants, ce n’est pas le but. Ils ne seront pas le poil à gratter d’une société qui se croit saine d’esprit. Ce sont des types avec leurs problèmes, comme tant d’autres, mais dont les angles sont parfois tellement adoucis qu’ils n’apparaissent pas comme un problème, si ce n’est pour eux. Le film va donc les suivre, de péripéties en péripéties, permettant à la fois de faire avancer leur histoire, de connaître un peu de leur passé, et d’offrir un final réjouissant sur leur condition.
Le film n’est guère surprenant dans ses mécaniques, et comme d’habitude New-York est une petite ville où on arrive toujours à se retrouver. Dans le laps de temps qui s’écoule, les conditions de leur survie ne seront pas un des grands soucis du film, alors qu’il est rappelé qu’ils n’ont quasiment pas d’argent. Il peine d’ailleurs à assurer un esprit d’équipe à ce groupe, qui ressortira bien évidemment soudé comme jamais par l’épreuve, dont la cohésion semble difficile à croire, trop forcée.
Mais le film repose heureusement sur leurs personnalités très marquées, de doux loufoques pas bien dangereux, dont les confrontations avec le monde réel offriront les scènes les plus satisfaisantes. Il n’y sera peut-être pas question de rire à gorge déployée, mais peut-être de quelques sourires. Michael Keaton est un peu décevant, trop policé dans son rôle de mythomane vaguement agité, alors qu’il était si convaincant dans Gung Ho ou Beetlejuice, qui précèdent le film. C’est par contre toujours un régal de retrouver Christopher Lloyd, diablement efficace dans son rôle de patient obsédé par l’ordre, tout en retenue coincée, convaincu de faire partie du corps médical. Peter Boyle, dans son incarnation du Christ assez hédoniste, un peu trop désireux de se mettre à poil comme le Seigneur l’a voulu, offre lui aussi une bonne prestation, ainsi que les autres acteurs.
Il manque tout de même un peu de folie, c’est paradoxal mais évident. The Dream Team, de son titre original, se révèle assez typique de cette époque, assez consensuel dans la forme comme dans le fonds. Howard Zieff adopte une mise en scène très fonctionnelle, à la photographie toujours idéale, d’un montage classique qui ne cherche pas à se précipiter. En dehors de quelques chansons de musique populaire, dont un « Hit the road, Jack » bien utilisée pour le voyage tonitruant du groupe vers New-York, la bande-son est terriblement illustrative, absolument passe-partout.
Le film s’apparente donc à un grand épisode de série télévisée, avec ses personnages excentriques mais pas trop et de manière générale un grand coup de rabot sur tout ce qui pourrait dépasser, sans grandes aspérités. C’est assez commun, mais sans être déplaisant. Découvrir comment ces pauvres fous vont réussir à s’en sortir reste suffisamment intriguant pour garder l’oeil ouvert devant cette production.