Tempus fugit (et le spectateur hésite lui aussi)
J’ai toujours le même problème avec les biopics. On apprend des choses sur la vie de quelqu’un, et c’est très bien, c’est formidable même la connaissance. Mais malheureusement dans la très grande majorité des cas, il y a une absence totale de point de vue cinématographique, à tel point qu’on est au bord du documentaire BBC.
Et effectivement, pourquoi s’embêter à en faire un film de fiction, les documentaires ont des budgets bien moindres. C’est le sentiment que j’ai eu tout au long de cette « merveilleuse histoire du temps ». J’aime bien Stephen Hawking, j’ai dévoré plus jeune « l’univers dans une coquille de noix », j’ai apprécié ses traits d’humour, sa géniale interview par John Oliver l’année dernière… j’ai appris ici l’histoire de sa vie que je ne connaissais pas dans le détail.
Je n’irais pas jusqu’à dire que j’aurais pu me contenter de sa notice wikipedia, et ce d’autant plus parce que la saloperie de maladie qui le touche, les conséquences induites, la dégénérescence progressives sont des éléments qui sont particulièrement visuels, dans l’appréhension que l’on peut avoir de l’horreur de voir son corps échapper à son contrôle.
Mais au final, il s’agit d’une romance convenue entre la belle et la bête, on accordera simplement au film de se permettre d’aller au-delà du bal final et de montrer le quotidien qui suit, avec ses difficultés, ses turpitudes… Le fait est que d’un point de vue de la mise en scène on est dans du purement illustratif, que les éléments un peu plus sombres du personnage ne sont absolument pas évoqués, et que tout ceci est extrêmement convenable et convenu.
La carrière scientifique est d’ailleurs quasi intégralement évacuée (et c’est une déception parce qu’il y avait certainement plus à dire concernant la carrière de Hawking) pour se concentrer sur le mélo, et à part nous démontrer qu’en fauteuil ou pas les couples peuvent tous s’aimer, et que cet amour est susceptible de s’arrêter un jour ou de se transformer…
Donc voilà. Boarf. Ça n’est pas nul, mais ça n’est pas franchement intéressant.