La tête dans les étoiles, le corps dans les limbes

Un homme extraordinaire, marié à une femme tout autant extraordinaire, dans un film ordinaire. Adaptation de l'autobiographie de Jane Hawking, le film est pétri de bons sentiments, mais reste bien lisse et ne rend pas hommage à la destinée de ce beau couple.

Stephen Hawking est un physicien théoricien et cosmologiste, atteint d'une dystrophie neuromusculaire. Il est l'auteur du best-seller "Une brève histoire du temps". On a pu le voir dans The Big Bang Theory, Les Simpson, Les Griffin ou Futurama, entre autres. Cela a fait de lui une icone de la pop-culture et lui permet d'élargir son audience, au-delà des sphères scientifiques.
Avec un destin aussi fascinant, il était évident qu'un biopic, lui serait un jour consacré. Sauf que le film raconte son histoire et celle de sa femme, deux êtres intimement liés et parents de trois enfants. L'amour d'une femme pour un homme, dont la médecine ne donnait pas plus de deux ans à vivre, en 1963. 52 ans plus tard, Stephen Hawking est toujours en vie, on ne peut qu'être admiratif face à sa vie.

Stephen (Eddie Redmayne) et Jane (Felicity Jones) se rencontrent lors d'une soirée étudiante. Ils vont rapidement tomber amoureux. Il lui parle de physique, elle lui parle de poésie. Ils regardent les étoiles ensemble et malgré la maladie, ils se marient et tout le monde est heureux.
James Marsh filme les visages en gros plans, ils sont souriants et Jóhann Jóhannsson, englobe tout ses bons sentiments, d'une musique gluante et débordante. C'est très lisse, la science est mise au placard. C'est le quotidien qui est raconté, tout en ne restant qu'à la surface. C'est très consensuel et l'ennui se fait de plus en plus ressentir, au fil des minutes, qui défilent tout doucement. L'angle choisit pour raconter cette histoire est pourtant intéressante. Au lieu de faire l'éloge et de se contenter du personnage de Stephen Hawking, on entre aussi dans l'intimité d'un couple et des difficultés à rester unis, face à cette maladie. Jane Hawking est une femme amoureuse et courageuse, elle se marie avec cet homme au futur limité. Elle va fonder une famille avec lui et prendre soin de lui. Mais elle est aussi seule, elle a besoin d'une épaule. Avec deux enfants en bas âge à élever, elle doit aussi prendre soin de son mari. Mais l'arrivée d'un troisième personnage, Jonathan (Charlie Cox), perturbe ce fragile équilibre. Sa présence transforme le film en un mélo sirupeux. Tout les clichés inhérent au genre, vont prendre forme et plomber le film.

Avec l'absence de la science et de l'écriture de son best-seller, il y aussi une absence encore plus importante, celle des enfants. En effet, ils sont relégués au second plan et encore....Pourtant, on se retrouve dans leur appartement, mais on les aperçoit furtivement, sans connaitre leurs sentiments face à cette vie particulière. On ne les voit pas grandir, mais leurs naissances sont annoncés, ce ne sont que des chiffres, leurs rôles sont quasiment muets. Idem pour les amis, on les aperçoit au début, puis ils disparaissent. Certes, cela peut s'expliquer par le fait, que le film traite le couple dans son intimité, mais aussi de vouloir donner plus et surtout, trop d'importance aux bluettes de chacun.
Décidément, on reste vraiment en surface. Puis, il y a les interprétations. Eddie Redmayne ne joue pas, il imite et à la longue, cela devient pesant. La frange qui tombe sur ses lunettes avec le sourire toujours affiché avant la maladie, c'est bien mignon, mais justement, c'est juste mignon. Stephen Hawking a trouvé sa performance parfaite, il a eu son Golden Globe et sa nomination aux oscars. On peut lui préférer celle de Felicity Jones, plus en nuance, en retenue, malgré sa fade bluette. Elle est aussi nominée aux oscars. C'est d'ailleurs un film à oscars, avec aussi : meilleur film, scénario et musique. Le genre académique qu'apprécie les votants, à l'image de "Shakespeare in Love" en 1999, avec ses 7 oscars, une hérésie. L'histoire se répétera-t'elle ? Réponse le 22 Février.

On est en empathie face à la souffrance de ce couple et pourtant, cela manque d'émotions. La faute à cette réalisation aussi classique, que sa musique et son scénario. Dans le genre, "Un homme d'exception" était bien plus intéressant. L'histoire est merveilleuse, mais James Marsh ne lui donne pas la grandeur qu'elle mérite. Un biopic plus proche de "Invincible" et "Mandela", un destin hors du commun, pour un film trop commun, dommage.
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le 27 janv. 2015

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Laurent Doe

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