Remonter le temps

Domestic Pressures - Jóhann Jóhannsson

Réaliser un film autobiographique du physicien et cosmologiste Stephen Hawking, c'est le pari que fait James Marsh. L'idée est alors moins de mentionner l'innovant apport du scientifique dans les théories contemporaines que de s'atteler à narrer l'histoire d'amour qui l'a lié à sa première femme, Jane Wilde. Adapté des mémoires écrites par cette dernière en 2008 (Travelling to Infinity: My Life with Stephen), une Merveilleuse Histoire du Temps nous plonge au coeur de la relation complexe qui se tisse entre les deux protagonistes, mélange fascinant d'amitié, de maternité et de passion. Récompensé aux Oscars 2015 sous la mention de Meilleur Film, il retrace avec honnêteté et respect l'évolution de la vie de Stephen Hawking, ébranlée par le diagnostic d'une maladie neurodégénérative (sclérose latérale amyotrophique).

Pour commencer, il me semblait important de relever la qualité du jeu de Eddie Redmayne (Nommé meilleur acteur aux Oscars 2015) dans le rôle de Stephen Hawkins - et quel challenge d'interpréter un homme qui verra votre prestation! Le travail sur le corps (déplacement sur une cane, deux canes puis en fauteuil roulant) et la performance de la diction témoignent de la sensibilité de l'acteur à l'évolution de la maladie de son personnage. Un jeu plus fragile, voir clownesque, aurait tourné la maladie en ridicule, ce qui n'est absolument pas le cas ici.

Une merveilleuse histoire du temps est aussi un merveilleux voyage dans l'Angleterre des années 60. On arpente les couloirs de Cambridge avec des étoiles dans les yeux et on assiste avec émerveillement aux progrès médicaux. (A ce titre je voulais évoquer le rendu cinématographique d'une belle ellipse narrative en style "film caméscope", bien mieux qu'un "5 years later")

Je regrette cependant une fin beaucoup trop prévisible et une bande son qui, bien que magnifique je le conçois, est un peu trop pathos. Il me semble que la trame du film est assez bouleversante, inutile de tirer les larmes du spectateur.

En bref, une belle et complexe histoire d'amour qui fait face avec fierté à une maladie jouée d'une façon magistrale. A voir!