Pour traîter la question trans-genre, puisque l'époque y semble appropriée, on peut écouter les délicates chansons de Christine And The Queens dont la poésie sibylline cache un engagement certain.
Où l'on peut aussi regarder Tomboy, le film de Céline Sciamma, qui peine à convaincre car frise le grotesque en transposant l'histoire d'un point de vue enfantin.
Mais on peut surtout regarder ce film étrange, cette pseudo comédie-dramatique, dont on ne saurait trop donner un genre mais qui révèle encore une fois le talent déstabilisant de François Ozon.
Avec une mise en scène proprette et soignée, parfaitement adaptée aux décors anachroniques de jolies banlieues riches de Paris, qu' Ozon aime à torturer et déformer en y faisant se dérouler les histoires type faits divers les plus glauques possibles.
Après la prostitution d'une étudiante, l’obsession quasi psychotique d'un lycéen pour la mère d'un de ses amies, le réalisateur livre ici une histoire toute en faux semblants, à la fois légère et grave, drôle et tragique, touchante et troublante...
Il transcende son récit d'une force érotique quasi paradoxale et d'une ambiance poisseuse qu'on voit chavirer en permanence dans le glauque à souhait. Mais toujours avec une retenue pudique, qui se brise pourtant violemment dans un dernière partie.
Porté par un trio d'acteurs formidables (on retiendra, en plus de la performance géniale de Romain Duris, méconnaissable et transformé physiquement, le second rôle de Raphaël Personnaz qui donne une vraie dimension à ce personnage que l'intrigue aurait aisément étiqueté comme "mari derrière qui tout se joue, couillon de base qui se croît cocu alors que la réalité est bien plus compliquée que cela.".), l'histoire semble couler de source ; le combat de cet homme contre lui-même pour tenter de devenir la femme qu'il rêve tant d'être, soulève bien des questions, qui sont aujourd'hui passé d'un plan humain à un plan social, sociétal et politique. Mais Ozon s'abstient bien de les poser directement, ne donnant jamais à son film un avis, un engagement, une esquisse de réponse, ne traçant même pas le chemin qui mènerait directement à un aspect trop politisé et polémique à son film.
Non, Ozon est bien loin de tout cela.
Et ça fait du bien.


S'il se plante un peu (à mon sens) dans une fin un peu nunuche, qui contraste avec l'ensemble border-line et malsain du reste du film, Une Nouvelle Amie reste un film que l'on aurait du mal à qualifier, le plaçant entre "touchant" et "déstabilisant".
Ou plutôt sur les deux à la fois.

Charles Dubois

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