Clint ou la batte de la victoire.
Près de vingt ans après Dans la ligne de mire, Eastwood revient dans un film en tant qu'acteur, et sans qu'il ne soit derrière la caméra. Mais ça cache quelque chose de plus malin. En fait, il a permis à un de ses assistants, Robert Lorenz, de réaliser son premier film, mais avec l'équipe habituelle d'Eastwood (Tom Stern à la photo, Joël Cox au montage et James T. Murakami aux décors), et Malpaso qui produit.
Donc, pas de panique si en voyant ce film, vous pensez qu'il a été réalisé par Eastwood, car Robert Lorenz est peut-être le meilleur pour copier son style vu qu'il est à ses côtés depuis une vingtaine d'années.
Ceci étant dit, Eastwood a l'air de reprendre pour la énième fois son personnage grognon, vaguement passéiste, et encore, on a évité le côté raciste de Gran Torino. Mais il a ici une partenaire de poids en la personne de Amy Adams, qui joue sa fille, et qui est formidable, car entre eux se crée un excellent ping-pong verbal où c'est à chacun qui sortira la plus grosse vacherie envers l'autre.
Le reste du casting est aussi de bonne allure avec Justin Timberlake (dont je fonde beaucoup d'espoirs), John Goodman, Robert Patrick, Matthew Lillard, et à la fin du film, il y a un nouveau personnage qui entre en scène, incarné par un amateur, et qui est magnifique de candeur et d'émotion rentrées, mais je ne veux pas en dire plus, car il est celui qui conduira le film vers sa (belle) fin.
Le sujet tourne beaucoup autour du baseball, mais là, je dois dire qu'il faut un petit peu de connaissances en la matière, car les termes spécifiques fusent (je l'ai vu en VO), et le titre original renvoie à une technique très particulière usitée dans ce sport, et qui va être un point déterminant du film.
J'aime aussi que Eastwood se montre tel qu'il est et comme une personne de plus de 80 ans peut être, une icône vieilissante, qui a du mal à pisser, qui a de graves problèmes de vues, avec des plans troublants sur ses mains maculées de tâches de vieillesses, mais qui a encore tout sa tête et une foi inaltérable pour le base-ball au risque d'avoir écarté sa fille de sa vie, ce dont cette dernière va tout faire pour tenter de reccoler les morceaux.
J'ai beau me dire 100 fois que ce n'est pas un film réalisé par Eastwood, le style est tellement identique que je peux fourcher ; car si il y a une chose que montre très bien Clint, c'est l'Américana, ou la description de l'Amérique qu'on ne voit jamais, celle des petites bourgades, autour de terrains de base-ball à la recherche d'un nouveau talent, et là, c'est vraiment plaisant à voir, accompagné d'une très belle photo de Tom Stern.
Alors oui, le film est bourré de bons sentiments, voire de passages attendus, et vraiment, la fin se devine facilement, mais pas de panique, il n'y a rien de tragique, mais il y flotte comme une bonne odeur de cinéma classique, ce film aurait pu être tourné il y a 50 ans, et il y a le plaisir de revoir Clint à l'écran. Parce que il y en aura beau qui cracheront sur ce film du fait de son classicisme qui conduit à une histoire finalement paresseuse, il y a des acteurs, des dialogues souvent ironiques, et une très belle réalisation de East... euh, de Lorenz, que j'en reprends encore pour un dollar !