Gus Lobel est recruteur pour une grande franchise de base-ball.C'est un as dans sa profession et il a détecté un nombre impressionnant de talents précieux.Mais il est devenu vieux et ses méthodes commencent à être remises en cause par ses employeurs car le dernier joueur qu'il a trouvé aligne les performances décevantes.C'est dans ce contexte qu'il part pour une nouvelle tournée de détection en Caroline du Nord,lors de laquelle il doit évaluer un jeune batteur prometteur.Sa fille Mickey,brillante avocate avec qui il entretient des rapports compliqués,décide de l'accompagner car elle a découvert que son père était en train de perdre la vue,ce qui est gênant dans sa profession."Une nouvelle chance" est le premier film,et le seul à ce jour,de Robert Lorenz,qui avait derrière lui une longue carrière d'assistant-réalisateur et de producteur,notamment aux côtés de Clint Eastwood puisqu'il est un des principaux dirigeants de Malpaso,la compagnie de la star.Pas étonnant donc qu'Eastwood lui ait donné un sérieux coup de pouce en coproduisant le film et en endossant le premier rôle,ce qu'il fait rarement pour les oeuvres dont il n'est pas réalisateur.Il n'y a pas vraiment de surprises dans ce film qui joue un peu sur tous les tableaux,du film sportif au mélodrame familial en passant par la comédie romantique,mais Lorenz et le scénariste Randy Brown parviennent à installer une ambiance cool et bluesy qui donne à l'oeuvre un indéniable charme.Cette balade dans l'Amérique profonde,avec ses bars,ses motels,ses petits stades où les jeunes rêvent de Ligue Majeure,les collègues qu'on retrouve au fil des tournées,se suit avec plaisir même si l'intrigue est cousue de fil blanc et qu'on voit venir de très loin les développements.Certains arcs narratifs sont très prévisibles,à l'exemple de la série de flashbacks partiels où l'on sent bien arriver le coup du pédophile,ou les apparitions furtives du jeune latino dont on devine immédiatement à quoi elles vont aboutir.On comprend aussi rapidement que tout se terminera bien,les résolutions finales donnant d'ailleurs dans le too much.Malgré tout ça passe,grâce à une mise en scène calme et sans fioritures qui épouse les contours en douceur d'une histoire à la fois mélancolique et optimiste,grâce aux dialogues brillants qui mélangent efficacement humour et émotion,grâce aux personnages savamment dessinés aux fortes personnalités,grâce enfin à des comédiens qui n'en manquent pas,de grâce.Dommage cependant que les méchants soient si caricaturaux,du dirigeant de club tête à claques au champion junior prétentieux et méprisant,sans oublier l'avocat faux-jeton.Eastwood est encore une fois magistral et fait preuve de beaucoup d'auto-dérision en vieux con buté de mauvaise foi aux prises avec les ravages de l'âge.Il faut le voir se cogner dans les meubles en gueulant ou s'adresser à son zgeg qui pisse en pointillés.Amy Adams,la rousse la plus craquante du cinéma US,est prodigieuse en jeune femme écartelée qui lutte avec cran sur tous les fronts,tentant désespérément d'établir le contact avec ce père qui la tient à distance et qu'elle aide malgré tout,et qui doit en plus abattre un boulot de dingue pour accéder au statut envié d'associée de son cabinet d'avocats,Gus et elle partageant le même problème de collègues manoeuvrant en coulisses afin de leur savonner la planche.Par-dessus le marché,elle doit gérer une vie sentimentale à laquelle elle a peu de temps à consacrer.Rompant avec son petit ami,avocat lui aussi,elle tombe amoureuse d'un ancien espoir du base-ball flingué par une blessure et qui se reconvertit en recruteur.Ce séduisant garçon est interprété par le chanteur Justin Timberlake,injustement sous-estimé en tant qu'acteur,qui donne du relief au personnage.Une bande de vieilles badernes hollywoodiennes occupe avec grand talent les rôles annexes,il y a là John Goodman,Robert Patrick et Ed Lauter,alors que Matthew Lillard,en cadre moderne aux dents qui rayent le parquet et Joe Massingill en petit connard infatué de sa personne arrivent à être bons en dépit de l'excessivité de leurs personnages.