Un très sympathique mélange des genres que voilà, puisqu'il nous propose une brochette d'acteurs largement connus des cinéphiles (Clooney, Tarantino, Keitel, Williamson, Savini...), et cela juste à des fins de divertissement. Pas de morale à tirer de ce pur bijou du cinéma bis, simplement un film barré qui ménage un twist énorme en son milieu et qui se contente de faire évoluer ses personnages dedans. C'est d'ailleurs eux en grande partie qui font tout le charisme de ce film, chacun jouant intelligemment son rôle. Clooney est parfait en gangster sec mais à principe, Tarantino joue une menace ambigüe assez effrayante (ils forment tous les deux une famille réunie dans le crime), alors qu'Harvey Keitel nous joue un pasteur en crise de Foi admirablement mis en scène (une certaine répartie, une intelligente logique du personnage...) Aussi, voir ces personnages interagir dans une excellente gestion des dialogues, avec de fréquentes saillies humoristiques, tous les ingrédients d'un bon film de gangster à la Tarantino sont réunis. Avec une intense séquence de suspense à la frontière mexicaine, le film commençait parfaitement, avant de s'enfermer dans un cadre pour le moins jouissif (un bar fait pour le plaisir du mâle, où l'on découvre Savini magnifique dans son petit rôle de blouson noir et un Fred Williamson jubilatoire en vétéran du Viet Nam). Se contentant jusqu'à maintenant de dialogues bien sentis ("Alors, qu'est-ce que t'en dis ? J'assure ou j'assure ?") pour le coup habilement retranscrits dans la VF, le film effectue un virage à 90° en son milieu pour bifurquer vers l'un des films de suceurs de sang les plus furieux qu'on ait pu voir. Dans une surenchère constante en termes de gore sympathique et de suspense, notre ami Robert Kurtzman (ici à la fois directeur des effets spéciaux et scénariste) s'en donne à coeur joie en expérimentant pleins d'effets différents, mixant le numérique avec les prothèses à l'ancienne. Le suspense ne cesse d'être relancé au cours de cette partie, sans pour autant que l'humour ne soit oublié par Robert Rodriguez, qui prend littéralement son pied en voyant ses créatures s'attaquer à ses héros. Divertissant et plutôt jusqu'auboutiste (si les dilemmes familiaux peinent à émouvoir, l'envie de survie reste vivace), Une nuit en enfer choisit de s'achever dans un marchandage plutôt ahurissant et venant apporter une dernière touche d'amertume à l'aventure, plutôt bien gérée tout au long de cette heure et demi. Un vrai programme sympathique, qui s'appuie clairement sur son côté nanar pour charmer, tout en ménageant quelques aspects qui tiennent du film à haute teneur cinéphile (pur côté tarantino dans l'exploitation). Un modèle en son genre.

Voracinéphile
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le 4 déc. 2015

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