Surprenant exercice de style qui commence comme un road movie et se transforme soudain en tour de manège glauque dans un trou perdu au fond du Mexique, piégé dans un repaire rempli de démons griffus, assoiffés de chair humaine. Tout d’abord un couple d’assassins bizarre. Clooney en voyou beau gosse et Tarentino en pervers à lunettes, c’était assez osé. Harvey Keitel en pasteur qui a perdu la foi est très crédible, Salma Hayek en reine des démons à la plastique parfaite, est…parfaite. Elle a envie de mordre, mais Clooney n’est pas d’accord. A sa place je cédais à la tentation, mais bon, Georges fait ce qu’il veut. A aucun moment il ne faut prendre ce film au sérieux, mais plutôt se laisser entraîner dans cette danse macabre visuellement peinte comme un tableau Halloween ou la fête de la mort mexicaine, qui est très colorée et qu’il faut prendre au sérieux. Le mélange est détonnant, c’est brut comme un tableau brossé à grands traits, avec force détails incohérents et de scènes cultes ou mauvais goût, c’est selon les goûts de chacun. Pour moi c’est surtout mauvais goût, mais c’est ça le talent, faire du mauvais goût sans jamais perdre la foi. Les effets spéciaux sont hilarants et le maquillage criard, les masques laids et grotesques, c’est un grand carnaval, ou un jeu vidéo. Comment éviter de se faire contaminer, car pour compliquer les choses, chaque individu mordu, se transforme lui aussi en démons-vampires.
« Attention Quentin ! Punaise, t’as faillit te faire mordre! ». Pour Georges je ne crains rien, on voit bien que c’est le héros du film. A mon avis il va s’en sortir sans une tache. Comment être cerné dans l’antre de la bête et espérer en ressortir en vie ? On s’en sort avec des scènes d’action chorégraphiées faîtes maison, des héros caricatures assumés comme tels, le tout estampillé série B ou Z ou G pour Grindhouse avec toutes ses griffes dehors. Des vampires expatriés puisque jusqu’à preuve du contraire les vampires c’est en Europe pas au Mexique. Une danse de la mort avec qui revisite le mythe européen du vampire pour rire, avec des accents de culture précolombienne pour la déco. Des répliques qui tuent, au guacamole, au ketchup à la sauce piquante, pour un effet maximum au son des guitares électriques et des mariachis. Le tout est bien réalisé, et reste surtout très drôle, mauvais goût mais drôle. Le plan final très malin rajoute un cachet pyramidal. A regarder la nuit, non pas pour avoir peur, mais pour mordre à pleine dents, comme dans un clip de Marylin Manson, ou une gravure de José Guadalupe Posada, le bien nommé.