C’est le portrait d’une Amérique profonde, de celle que l’on oublie bien souvent, totalement laissée pour compte, elle baigne dans la pauvreté et les excès, sans que personne ne lui vienne en aide. Une petite ville où tout le monde se connaît, où aucun de vos travers ne passe à la trappe, les violences conjugales, les addictions, les petits délits, tout se sait de tout le monde et rien ne reste secret bien longtemps. Chacun fait comme il peut pour survivre, les petits boulots qui ne suffisent pas, les hommes qui s’enchaînent, dans l’espoir qu’ils puissent offrir une vie meilleure, les enfants dont il faut s’occuper, c’est le quotidien de ces femmes, pas toujours faîtes pour être mères. Alors, quand vous avez une famille dysfonctionnelle en héritage, il n’est pas simple de se sortir de ce schéma, de faire mieux et surtout, de pouvoir prétendre à des chances de s’élever un peu plus. La réalisation de Ron Howard est tout simplement magistrale, de loin son meilleur film depuis bien longtemps, plus dans la sobriété, il met en lumière une situation complexe et le fait avec beaucoup de respect. Visuellement, c’est d’une beauté saisissante, il met de la lumière, dans un environnement pourtant très sombre, il montre l’espoir, là où c’est pourtant difficile d’y croire, dans un contraste saisissant, qui vous prend aux tripes. En ce qui concerne le scénario, très simple en apparence, c’est l’histoire vraie d’un homme qui n’avait pas les bonnes cartes en mains, mais qui à force de persévérance, a réussi à atteindre ses objectifs. Alors, entre flash-back du passé et présent, nous comprendrons comment il en est arrivé là, les difficultés qu’il a dû traverser, le courage dont il a fait preuve, avec l’aide bienvenue de cette grand-mère qui a fait comme elle a pu pour le sortir de là. Mais il n’est pas toujours simple de s’adapter à un monde opposé à celui que l’on a toujours connu, d’ailleurs, est-ce que l’on peut y prétendre, n’est-ce pas renier une partie de soi, celle qui a fait de nous, ce que nous sommes. C’est une réflexion bouleversante qui nous ait offerte, un récit de rédemption, de volonté, mais aussi de famille, pas toujours parfaite, loin de là, elle fait partie de nous malgré tout, elle n’est pas une excuse, mais une motivation supplémentaire d’aller de l’avant, sans pour autant oublier. Quant au casting, il est tout simplement magistral, Glenn Close en premier lieu y est absolument époustouflante, Amy Adams montre une fois de plus toutes les facettes de son talent, j’ai tout particulièrement aimé le rôle d’Haley Bennett et Gabriel Basso est d’une force remarquable.
En bref : Une fresque de l’Amérique profonde dans tout ce qu’elle a de plus brutale, des vies complexes, usées prématurément par ce quotidien si sombre, mais une histoire non dénuée d’espoir, bien au contraire, qui nous prouve qu’avec de la volonté et la bonne main tendue, on peut tout surmonter, même le pire !
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