L’histoire se déroule dans un asile psychiatrique où un ancien marin travaille comme gardien pour veiller secrètement sur sa femme, devenue folle. Rongé par le remords, il navigue entre réalité et visions étranges. Les danses frénétiques, les masques Noh et les hallucinations créent un mélange troublant où il est difficile de distinguer le rêve du réel.
Sans intertitres, le film s’appuie entièrement sur ses images pour raconter son histoire. Son style visuel est saisissant : un montage chaotique, des angles de caméra audacieux et des jeux d’ombres qui rappellent le cinéma expressionniste allemand. Le résultat est un film presque abstrait, où les mouvements des corps et les visages hallucinés créent une atmosphère poétique et dérangeante.
Ce n’est pas un film classique : il est court mais exigeant, et son côté expérimental peut dérouter. Pourtant, avec une bonne introduction pour le remettre en contexte, il offre une plongée fascinante dans la folie et reste une œuvre marquante par sa beauté sombre et son audace visuelle.
(Redécouvert après 45 ans d’oubli, A Page of Madness (1926) de Teinosuke Kinugasa est un film muet japonais expérimental créé au sein du mouvement avant-gardiste Shinkankakuha (l’École des nouvelles perceptions), il explore la folie et la culpabilité avec une approche visuelle innovante. Coécrit avec Yasunari Kawabata (prix Nobel de littérature en 1968).