Surpris d’être seuls dans cette salle moyenne. Quand les lumières se sont rallumées, dévoilant alors nos mines circonspectes, nous découvrions un troisième. Muré dans son silence, il semblait déçu.
Le film ouvre sur un Poelvoorde lassé et fatigué. Et on y croit rapidement à son amitié sincère avec le gamin de palier, à son don pour voler les regards, à ses introspections nerveuses et maltées.
On se laisse plus difficilement convaincre par contre, par la diction de Melle Labed, dont le visage porte pourtant déjà si bien le texte.
Ce film plein de pudeurs, cache ses zones d’ombres mais on le comprend et on l’accepte facilement.
Pourtant ces longueurs, que les pointes d’humour dans les dialogues ne sauraient rehausser, finissent par délayer la poésie et perdront même les plus empathiques.
« - Antoine, pourquoi tu souris jamais ? – Je souris pas car je réfléchis »
Le temps est élastique, on doit se forcer un peu mais on s'en accommode. Pourtant, quand la fin se précipite, nous sommes encore au milieu des épaisses volutes qu’Antoine recrache constamment, tristes de constater que ce brouillard bleuté ne se lèvera pas.
Restera alors seulement quelques souvenirs tout aussi vaporeux: les coups d’œil affirmés d’un photographe chevronné dans le métro bruxellois, le mutisme explicite d’une étudiante en archéologie et ces échanges si justes avec cet enfant qui aimait tant les robes.