Les Monstres, c'était un peu effréné et effiloché. Peut-être moins prestigieux, Vedo Nudo est un autre film à sketchs qui lui fait plus ou moins suite (à en croire le titre français en tout cas), à la différence qu'il est thématisé autour de la sexualité et d'un seul acteur (ou presque). Pourtant il se répète bien moins.
Ce n'est pas tout de s'attaquer aux déviances sexuelles avec humour : il faut aussi que ce soit suffisamment bien écrit pour ne pas finir en autocaricature. Risi l'a bien compris en offrant cette fois à son comédien, Nino Manfredi, des textes autour desquels il a toute liberté de construire des personnages complets et tous bien distincts les uns des autres, plutôt que reliés entre eux par le thème du "monstre", justement.
Celui-ci est d'ailleurs, ici, beaucoup mieux élevé au rang de symbole que dans Les Monstres. Peut-être aidé par les six années qui ont passé et le cap de 68 que son film fait mine de n'avoir pas franchi en faisant mumuse avec une bienpensance robuste, Risi sait quoi faire des nouvelles valeurs du monde.
Si bien, en fait, qu'il prouve de nouveau avoir eu un humour visionnaire : ses sketchs comico-décadents ne vieillissent pas, et même lorsqu'il s'attaque à des sujets que l'évolution des mœurs a rendus sensibles, il a le recul pour en faire des scènes restées touchantes. Loin d'être devenus les reflets moqueurs d'une époque et d'un pays "coincés", les sketchs de Risi rendent honneur aux vertus de sa nation (comme l'ouverture d'esprit) à un moment où elle n'avait pas encore conscience d'en être dotée.
→ Quantième Art