J'en suis encore sonné. A Prayer Before Drawn est œuvre atypique qui ne laisse pas indifférent. Le biopic s’apparente quasiment à un documentaire lors duquel Jean Stéphane Sauvaire nous embarque, caméra à l’épaule, dans les abysses du « Pays du Sourire ».


Le métrage débute, par un plan éclairant les préparatifs d’un combat, accompagné d’une prière de moines. Très vite, il paraît évident que Billy sombre dans les méandres de Bangkok où abondent prostitution, alcool et yaba du célèbre triangle d’or. Il ouvre ainsi la porte à ses démons, qui l’enfermeront dans les grilles d’une cellule.


Un cercle vicieux s’articule autour de Billy Moore, admirablement interprété par Joe Cole, qui s’enterre plus profond encore en enfer. Le fait est qu’il sera compagnie, seul contre tous, de violeurs, tueurs et autres membres de gangs aux mines affreuses. L’horreur atteint son paroxysme grâce aux décors et à sa palette de couleurs. Les tons verdâtres, gris béton, marron rouillé et jaune foncé rendent l’esthétisme de la photo saturé, fade et hostile. Le metteur en scène fait le choix d’associer ces éléments aux bruitages renforçant cette sensation d’étreinte.


Finalement, Billy rejoint le cercle privilégié des pratiquants de Muay-Thaï dans un combat pour la rédemption et le respect. Filmé par d’agressifs plans-séquence, au plus proche de Joe Cole, il nous immerge si bien sur le ring qu’on en subit les coups alors que nous contemplons, en plan rapproché, le poisseux et meurtri Billy.

Le huis clos se conclut lors d’une scène où le protagoniste retourne en prison, après s’être résigné à s’enfuir. Il croise alors le réel Billy Moore, interprétant certainement son père. Il fixe Joe Cole, comme s’il se regardait dans un miroir, se gratifiant d’un silence riche en sens. Cette rétrospective reflète l’intention, du réalisateur de ce drame taciturne, de ressentir la tension tangible de cette réalité.


Le film à bien des atouts. Drame sportif noir, son unique ne se résume pas à réaliser un film de combat sombre. Le fond mérite une place tout aussi importante que les atrocités auxquelles nous assistons, de plus la culture et les codes Thaïlandais sont retranscrits avec brio, dans ce pays où nous, touristes ne voyons que des vacances idylliques. D’abord, mis à part Joe Cole, le casting est uniquement composé d’anciens détenus et boxeurs thaï, crédibilisant ainsi la véracité des propos. De plus, la spiritualité est très présente ainsi que la culture du respect, la maîtrise des émotions, le tatouage au bambou, jusqu’à Songkran (nouvel an Thaï), où la coutume est de s’asperger d’eau. Nous apercevons même Bangkok et ses vices, dans ce qui semble être Nana Plaza, fameux quartier de prostitution et transgenres.


Enfin, pour finir sur une note plus douce, la véracité des propos est d'autant plus avérée par rapport à la barrière de la langue. Cela m'a fait énormément sourire avec les expressions que j'ai l'habitude d'entendre "Hey you", "Same Same".

julienlsg
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le 3 mai 2019

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