Dans ta gueule...
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Un film coup de poing, brut, qui n'a pas peur d'aller à l'essentiel au moyen d'une photographie extrêmement soignée qui parvient à exprimer beaucoup plus sur l'univers carcéral que ne le ferait un long discours.
Depuis "Johnny Mad Dog"(2008), on avait pourtant totalement perdu de vue le réalisateur français Jean-Stephane Sauvaire qui revient donc en force avec ce film qui, à l'instar de son précédent long-métrage, possède vraiment des allures de documentaire fictif. Les scènes filmées semblent effectivement très proches d'une réalité difficilement concevable pour le spectateur tant celle-ci s'apparente à tout moment à une véritable descente aux enfers. La preuve qu'on peut décidément exprimer énormément de choses en images et que tout le travail sur la photographie effectué par un cinéaste n'apparaît alors pas comme un simple prétexte destiné à masquer une absence de propos, bien au contraire !
A la différence par exemple d'un réalisateur comme Nicolas Winding Refn cependant, si l'aspect très esthétique de la mise en scène chez Sauvaire semble jouer un rôle aussi important et déterminant, c'est précisément parce qu'il est en quelque sorte au service de la réalité. C'était d'ores et déjà le cas avec son film "Johnny Mad Dog" pour lequel d'ailleurs le réalisateur était allé, en outre, jusqu'à faire jouer de véritables orphelins anciennement enrôlés de force comme enfants soldats. En effet, la photographie apparaît véritablement ici comme un outil qui, tout en sublimant visuellement chaque scène pour par là même immerger le spectateur au sein d'une réalité cauchemardesque extrêmement violente, va ainsi parvenir à nous mettre sous les yeux un certain état de faits pour mieux le dénoncer.
Tout comme les personnages, les corps filmés apparaissent donc profondément meurtris : que ce soit par les coups, la drogue, la fatigue ou encore tout simplement par le poids des souvenirs (les tatouages), ils sont portés à l'écran d'une manière absolument magnifique qui confère une réelle cohérence au propos global du film et à son parti pris esthétique. Nul besoin de mots ou de dialogues ici car la parole ne saurait nous faire entrevoir ni même exprimer la façon dont il est possible de vivre et de survivre à un quotidien aussi infernal.
Une véritable claque esthétique donc que l'on se prend en plein visage tout comme la dure réalité à laquelle elle renvoie.
Cet utilisateur l'a également mis dans ses coups de cœur et l'a ajouté à ses listes Les meilleurs films de 2018 et L'esthétique de la violence au cinéma
Créée
le 5 mars 2019
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