Le corset est trop bien fermé !
Adapté d'une nouvelle de Stefan Zweig, le film nous plonge en 1912 dans l'univers très compassé d'un riche industriel vieillissant, de sa jeune épouse et de leur jeune enfant. De santé fragile, le vieux patron engage un secrétaire particulier qu'il installe à demeure afin de pouvoir travailler plus tranquillement. Evidemment, le secrétaire et la jeune épouse vont se côtoyer, se frôler, s'apprécier, s'aimer...
Ce triangle amoureux est filmé avec grâce par Patrice Leconte. Il ne manque aucun bouton de guêtre, aucune voilette, même pas une porcelaine de Saxe à cette reconstitution minutieuse de l'univers de cette grande bourgeoisie allemande. Si la toile de fond historique est juste esquissée, la réalisation s'attarde sur les trois protagonistes,cherchant à donner du signifiant au moindre regard, à chaque demi-sourire, à faire ressentir la passion ou la jalousie qui nouent les personnages. C'est pas mal fait, mais finalement pas vraiment passionnant. Entre le convenu des situations, assez prévisibles, qui s'écoulent lentement, sans l'ombre d'une fièvre et le couple pas vraiment assorti des deux acteurs principaux, le film peine à séduire. Richard Madden (issu de la fameuse série "Games of thrones") n'est guère convaincant en amoureux transit, son manque d'expression flagrant étant de ceux qui enlèvent pas mal de pouvoir de séduction. Rebecca Hall s'en sort beaucoup mieux, jonglant habilement entre bourgeoise hautaine et femme séduite. Je reconnais par contre que le fait que les deux acteurs soient peu connus, du moins de ma part, apporte une certaine fraîcheur au film et une vague capacité d'identification. Malgré une image délicate, jouant sur les profondeurs de champ, cadrant les interprètes au plus près, " Une promesse" reste un film très académique et peut être trop fidèle à la nouvelle (sauf la fin plus rose...). A vouloir trop respecter cet univers, on a parfois l'impression que la reconstitution minutieuse nuit à sa portée. C'est joli, ça prend le temps de regarder les personnages vivre mais cela n'a pas plus d'intérêt qu'un bon téléfilm d'Arte.
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