Une pure frivolité
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Entre Cinema Paradiso et Marchand de rêves, on sait ce que le très bien nommé Tornatore tournait : du cinéma, au sens propre. Dans cette entredeux, il fait jaillir de nulle part un ovni diablement littéral sur des diables littéraires : Depardieu, écrivain, accusé, névrotique, et Polanski, lecteur, accusateur, critique. Deux interprétations phénoménales, plus glaçantes que la pluie interminable noyant le commissariat jusqu’aux os, jaunes et noires comme une combinaison métamorphique du cinéma de genre à l’italienne, où les acteurs sont venus tout donner mais sacrifier leur voix dans un tournage multilingue qu’on sait fort peu pratique.
On ne le sent pas venir, mais cette pure formalité est l’annonce d’une nuit qui sera étirée dans l’histoire jusqu’à en faire toute la trame, le long de laquelle on croit apprendre à connaître ces personnages si psychologiquement aboutis dont la caméra retrace le mouvement des émotions sans avoir besoin d’espace.
Une exiguïté policière mais une continuité audacieuse et frissogène dans la sombreur et l’humidité, la prise mayonnaisique d’un maëlstrom fantastique attaché au plus proche de la personnalité des interprètes. C’est une nuit de cauchemar que l’on passe avec la pluie en arrière-fond comme du bruit blanc, pourtant ce sont les ombres qui règnent et des nuages noirs qui s’entrelacent dans les esprits malmenés par le vrai enquêteur : Tornatore, tournant un film et en bourrique, un magicien d’alchimies ténébromanciques, auteur de confusions rendant le débat sur son art impossible mais exaltant tout de même.
Créée
le 25 avr. 2019
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