Stairway to Heaven
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On est début 1945, un bombardier anglais de retour de mission a été touché et est en flamme. Le commandant Peter qui n'a plus de parachute se jette à l'extérieur. Stupeur, il se retrouve intact sur une plage anglaise. Non seulement il a survécu à son saut mais en plus il rencontre et tombe amoureux de la jeune femme qui avait reçu son SOS…
Au Ciel (ou au paradis, comme on veut), il s'est produit une erreur de comptabilité dans les entrées : Peter, qui était programmé pour mourir, n'a pas pu être récupéré à cause du brouillard très dense … C'est un phénomène rarissime au Ciel, d'habitude très prompt pour récupérer ses clients. Le problème nécessite une décision : doit-il rester en vie ? A la décharge de Peter, un laps de temps de 20 h s'est écoulé avant que les comptables du Ciel constatent la bourde ; de plus, Peter est amoureux, ce qui complique tout… Un procès doit se tenir au Ciel afin de statuer sur la vie ou la mort de Peter.
La mise en scène est très astucieuse en faisant alterner les scènes au Ciel en Noir et Blanc et sur Terre en couleur. D'ailleurs, quand le guide n°71, responsable de la bévue, qui est un ancien guillotiné français de la Révolution (avec un accent anglais à couper au couteau même si l'acteur est bien anglais), retourne sur terre pour ramener Peter, l'avoue : "Ah ça fait du bien de se retrouver en technicolor".
Et c'est bien ce qui surprend dans le film, le Ciel n'est vraiment pas un endroit sympa car non seulement il n'y a pas de couleurs mais l'endroit semble très aride et très spartiate. Tandis que sur Terre, c'est une féerie de couleurs et de plaisirs pour la vue. Et puis, rien n'a changé au Ciel, les caractères des gens n'ont pas évolué d'un iota, il y a toujours les mêmes rivalités et mesquineries terriennes. Ah, mais je vous le dis, il vaut mieux rester vivant sur terre !
Les moments de transition du passage du N&B à la couleur sont saisissants. J'ai retenu en particulier une des transitions où le paysage (plaisant et en couleur …) de bord de mer se transforme peu à peu en une cuvette puis en une galaxie froide, siège du Ciel … Il y a une vraie magie de l'image dans ce film.
La distribution :
David Niven joue le rôle de Peter, le commandant. Sa mise en scène, seul dans l'avion en perdition, est saisissante d'émotion. L'émotion croît encore lorsqu'il lance cet SOS capté par une jeune femme, June. Les secondes qu'il lui reste à vivre avant de faire son saut sans parachute, il va les consacrer à demander à une June épouvantée, qui ne sait quoi faire, son prénom, si elle est belle et si elle aurait pu l'aimer. Une vie complète à vivre en quelques secondes.
Kim Hunter interprète le rôle de June avec beaucoup de sincérité. C'est une actrice américaine qu'on reverra quelques années plus tard, entre autres, dans le rôle de Dr Zira dans "la planète des singes".
Roger Livesey interprète le rôle du facétieux Dr Reeves qui s'occupe des bizarres hallucinations de Peter. Il semble très connu comme acteur outre-manche. Ici, son phlegme et son humour le rendent immédiatement sympathique.
Dire que ce film est un film de commande par l'armée qui s'inquiétait en 1945 ou 1946 de la mauvaise ambiance dans l'armée alliée ! Il me fait penser à un autre film de commande que j'adore, "Stage Door Canteen" de Franck Borzage. Comme quoi, le fait d'être un film de commande n'est pas un critère de mauvaise qualité…
Pour finir, on peut dire que ce film fantastique par son contexte et romantique par le sujet est une bien belle ballade dont la morale serait "l'amour plus fort que la mort"
Date création : 5/05/2022
Date de remise en forme du texte : 16/10/2024
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Créée
le 5 mai 2022
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