Ancien repris de justice (et condamné à mort, puis gracié), José Giovanni devient ensuite écrivain, puis scénariste à succès - le cinéma français des années 60-70 lui doit plusieurs perles, telles que "Le deuxième souffle", "Le trou", "Le clan des siciliens", "Classe tous risques" et j'en passe…
Giovanni connut également une carrière de réalisateur, plus modeste : sur la quinzaine de long-métrages réalisés, certains sont passés à la postérité ("Dernier domicile connu", "Deux hommes dans la ville") mais d'autres sont tombés aux oubliettes, à l'image de cette "Robe noire pour un tueur".
De mon point de vue, c'est le genre de thriller grand public dont on sait qu'ils ne valent pas tripette, mais devant lesquels on ne peut s'empêcher de passer un bon moment.
D'abord grâce à la sympathie immédiate que suscite la distribution : Annie Girardot, Bruno Cremer, Claude Brasseur, Jacques Perrin, plus une poignée de seconds rôles pittoresques (Catherine Allégret, Albina du Boisrouvray, François Perrot…). Sans oublier quelques visage encore inconnus, qui ne tarderont pas à le devenir (Richard Anconina et une très jeune Arielle Dombasle, presque méconnaissable).
Ensuite, c'est le genre de film qui provoque la nostalgie de ce cinéma français populaire sans être idiot, un savoir-faire qui semble s'être perdu depuis plusieurs décennies.
On retrouve aussi les préoccupations relatives à cette époque, à commencer par l'obsession de José Giovanni contre la peine de mort, qui sera d'ailleurs abolie quelques mois après la sortie du film.
Alors certes, "Une robe noire pour un tueur" apparaîtra désuet voire ringard aux plus jeunes spectateurs, avec ces éternelles magouilles politico-économiques (dont on ne saura pas grand chose, simple prétexte narratif), cette communauté rurale de paumés et autres toxicos (pas forcément très crédible), ses maladresses, ses quelques invraisemblances et erreurs de casting (Renaud Verley, alias le frangin Risler).
Personnellement, je n'ai pas boudé mon plaisir, et je compte même revisiter quelque peu la filmo de Giovanni : revoir "Le ruffian", et découvrir "Le rapace" ou "Les loups entre eux", par exemple.