Il faudrait créer pour Euzhan Palcy l'Oscar du... culot !
Dès son 2e film, elle dénonce la ségrégation envers les Noirs en étant elle-même française antillaise.
Elle a réussi à convaincre Hollywood - d'où l'idée d'Oscar - de financer cette oeuvre brûlot.
Et enfin, elle a obtenu pour l'un des rôles majeurs la collaboration de Marlon Brando, acteur mythique devenu déjà fantomatique.
Faut le faire !
Même quand on a déjà signé une 1er film à succès ("Rue Cases-nègres").
"Une saison blanche et sèche" fait s'immerger dans le contexte social en Afrique du Sud au temps du si honteux Apartheid. Système que va vraiment, très brutalement cerner un prof (Donald Sutherland), afrikaner moyen comme bien des descendants de colons hollandais. La mort de deux Noirs proches de lui sert de déclic. Son jardinier se pend soi-disant en prison, où il était parce que trop curieux sur la fin tragique de son fils après une manifestation meurtrière. Le prof décide alors d'aider la veuve et ses amis de la lutte clandestine à établir la vérité.
L'incroyable a lieu. Un Blanc ose braver les siens - seul son fils le soutient - et surtout la "Section spéciale" de la Police. Il découvre comment la majorité noire subit cette abomination légalisée qu'est l'Apartheid.
Tueries lors des manifestations pacifiques.
Arrestations arbitraires.
Tortures pratiquées sur presque tous les prisonniers.
Et, au mieux, l'appauvrissement collectif dans les ghettos urbains ou townships ; et la négation des droits élémentaires de tout homme.
Malgré l'engagement d'un avocat (Marlon Brando) et d'une journaliste (Susan Sarandon) progressistes, le procès qui a lieu n'est en fait qu'une parodie de justice.
Puis, l'étau commence à se resserrer sur celui qui dérange trop...
Adaptation du dénonciateur livre d'André Brink, le film montre la violence raciale au 1er degré. Il faut profiter du générique, porteur d'espoir, car ensuite bien des séquences ont quelque chose d'insoutenable.
Avec son manichéisme assumé, l'autre "défaut" du film est d'être sorti juste après "Cry freedom" et "Un monde à part", traitant du même sujet avec peut-être plus de subtilité, donc d'efficacité. Cela dit, comment ne pas louer la dénonciation en chaîne(s) d'une forme remodelée d'esclavagisme !
Brando-Boudha a jugé trop courte sa composition massive, au propre et au figuré... Bof !
C'est Donald Sutherland qui force l'admiration en type banal passant de l'aveuglement docile et facile à la révolte tranquille.
Et avec désormais la montée de plus en plus inquiétante du communautarisme rimant avec les pires dérives d'humanité en "ismes", le message central du film reste on ne peut plus de saison !