Nul doute que pour ce sujet délicat, Euzhan Palcy a décidé de faire dans le classique. Mais comment pourrait-on lui en vouloir au vue du cœur que celle-ci a mis dans « Une saison blanche et sèche » ? On a beau désormais connaître la chanson, on ne peut s'empêcher à chaque fois d'être terrifié par l'apartheid, ses conséquences, la violence qui a pu en découler, l'injustice et la douleur inouïe qu'elle a pu causer chez des milliers de personnes... Difficile de ne pas se sentir concerné, d'autant que la réalisatrice n'évite aucun sujet : les scènes de torture nous sont montrés à plusieurs reprises, et on ne tombe jamais dans la facilité afin de rendre plus consensuel le récit. C'est toutefois aussi l'évolution de Ben du Toit qui nous est décrit ici, Afrikaner bien-pensant qui va peu à peu se transformer peu à peu en homme courageux, prêt à tout pour faire triompher la vérité devant l'horreur de la situation. Là encore cela pourrait être lourdaud : c'est constamment crédible, Palcy n'épargnant rien à son héros, ni les menaces, ni la perte de son emploi, ni l'éloignement de sa femme... Certains diront que cela est attendu, mais quand cela est traité de façon aussi juste, et surtout interprété par un acteur aussi remarquable que Donald Sutherland, difficile de ne pas y adhérer à 100%, d'autant qu'aucun « happy end » ne viendra conclure le récit. Une belle leçon d'Histoire, et surtout un beau film.