Ce premier long-métrage d'Alain Bonnot est un petit polar sympathique mais sans grande envergure, comme le cinéma français en produisait de nombreux dans les années 80.
L'originalité d'"Une sale affaire" repose sur son cadre provincial (la ville du Havre), puisqu'il s'agit de démanteler un trafic de drogue à grande échelle, avec une municipalité locale partiellement corrompue.
Le suspense s'avère hélas très faible, on connaît rapidement les tenants et les aboutissants de l'affaire en question, le principal mystère reposant sur l'identité des protagonistes, puisque le réalisateur nous laisse dans le flou à ce sujet pendant un bon moment.
Une bonne idée sans doute, mais qui ne facilite pas l'implication du spectateur, dans un film par ailleurs assez lent et peu nerveux. et pauvre en scènes d'action.
Heureusement, le décor automnal et pluvieux de la ville du Havre apporte une atmosphère originale et un certain charme, à l'image des bureaux de la mairie avec vue sur mer, ou du port industriel, d'où l'on assiste à la mise à l'eau d'un cargo, au milieu des notables et des badauds.
Côté interprétation, si Marlène Jobert n'est plus la jeune femme séduisante des années 70, la comédienne a du métier et forme un duo efficace avec l'expérimenté Victor Lanoux.
On notera aussi la présence parmi les seconds rôles d'un certain Christophe Lambert, ainsi que de trois membres du fameux quatuor du "Plein de super", sorti 5 ans plus tôt (Patrick Bouchitey, Etienne Chicot, Bernard Crombey).
A l'arrivée, on assiste donc à un polar eighties sans grand relief, ni sur le fond ni sur la forme (très quelconque), mais néanmoins assez inclassable, à l'image de son dénouement très atypique : une lente alcoolisation des deux héros dans les bars du port (la scène dure un bon quart d'heure), qui finissent par se retrouver à l'aube, après une bagarre d'ivrognes assez pathétique...