La première séquence d’ Une séparation nous plonge d'emblée dans la tonalité du film. Le spectateur est placé dans la position du juge. Face à lui, une femme, et un homme, visages tendus, assis. Elle demande le divorce et il ne fait rien pour l'en empêcher. Simin et Nader, deux personnes incapable d'entendre le point de vue de l'autre, deux personnes murées en elles-mêmes et dans leurs raisons légitimes. Tout est dit dans le titre français, c'est l'histoire d'une séparation …
Une intrigue simple : le déchirement d'un couple après 14 ans de vie commune à laquelle s'ajoute une autre intrigue qui vient complexifier les relations. Suite à une altercation, Nader pousse hors de chez lui Razieh, l'aide-soignante venue veiller sur son père atteint de la maladie d’Alzheimer. Cette femme, enceinte, tombe dans l'escalier et perd l'enfant qu'elle portait. S'ensuit une escalade de violence face à laquelle chacun pourra ressentir des émotions différentes tant la situation mise en scène reflète la complexité de la vie et des relations humaines. La caméra colle au plus près de personnages. On s'attache facilement à eux, tellement ils sont humains. A la fois ils sont pris par des événements incontrôlables et à la fois leurs réactions empirent la situation.
Cette histoire nous laisse libres car au final, il n'y a ni bons, ni méchants. On peut prendre partie pour les uns ou les autres ou s'abstenir simplement de juger.
Ce film met en scène des relations douloureuses mais Une séparation est également une plongée dans la société iranienne : d'un côté la classe aisée à laquelle appartiennent Simin et Nader et de l'autre le monde de la précarité dont font partie l'aide-soignante et son mari au chômage, traqué par les créanciers. C'est aussi le portrait des femmes iraniennes qui est fait à travers les personnages de Simin et de Razieh, deux femmes différentes, mais deux femmes fortes qui se battent, prennent des initiatives, font face aux difficultés avec courage. Bien loin de l'image du cliché de la femme soumise que nous pourrions avoir sur les femmes du Moyen Orient.
Cette histoire si simple nous tient en haleine jusqu'au bout et nous fait ressentir beaucoup d'émotions. Le film a obtenu l'Ours d'Or lors du Festival de Berlin en 2011.