Une impression fâcheuse gouverne Une Sirène à Paris : celle d’assister à un joli court métrage inutilement rallongé, étiré sur une heure quarante minutes sans que ces prolongements n’apportent poésie ou souffle romanesque à un petit, tout petit édifice mais aguicheur, terriblement aguicheur. Règne un paradoxe qui dessert le long métrage de Mathias Malzieu : en faire toujours plus pour toujours moins signifier. La poétisation vintage d’un Paris fantasmé devient une finalité en soi, et non le cadre d’une initiation à l’amour dans son altérité fondamentale. On pense beaucoup au Fabuleux destin d’Amélie Poulain, sauf que le film de Jean-Pierre Jeunet posait un univers visuel pour mieux le plier, le modeler, le déformer au gré des rencontres entre ses personnages ; ici, rien de tel, mais la répétition ad nauseam d’un même dispositif – comme de son thème musical, horripilant – qui rend aussitôt l’ensemble très prévisible. Car la sirène se mue vite en potiche engoncée dans ses écailles ou captive de la baignoire d’un homme qui la nourrit, la lave, la divertit sans l’écouter. En résulte une romance improbable, maladroite et surchargée d’effets tape-à-l’œil qui n’évolue pas mais s’assujettit aux envolées lyriques d’un crooner dépressif dont l’histoire nous est racontée par flashbacks interposés. Une poésie trop figée, malgré la constance de ses déplacements frénétiques.