Une vie se révèle comme une nouvelle expérience cinématographique. Le metteur en scène Stéphane Brizé se concentre sur son actrice Judith Chemla personnage nostalgique perdu dans sa passion.
Grands moments de silence ou musique appuyée, mélange des sons d’une scène à l’autre, utilisant souvent les gros plans, la mise en scène est dépouillée, fragmentée, jouant sur les ellipses, chamboulant la chronologie, qui déroute au début du métrage mais pourtant est d’une grande modernité et d’une rythmique étonnante. Les souvenirs nostalgiques d’amour se perdent dans les instants contemplatifs d'une grande noirceur, alternant la luminosité d’un printemps, les actes heureux d’une vie rurale simple, aux illusions perdues pour cette héroïne absente de sa propre vie. Le montage est non seulement judicieux mais apporte une compréhension spontanée grâce à sa fluidité. Le choix d’une certaine platitude pointe la monotonie et la fatalité avec réussite. Et le cadre resserré, l’enchevêtrement des saisons, des événements passés se confondant au futur inévitable, jouant sur une palette de couleur pour un miroir à ce destin et le drame constant de 30 années d’une vie.
Accompagnée de Yolande Moreau, jean-Pierre Darroussin, on remarque Swann Arlaud et son physique particulier, idéal Julien de Lamare mari égoïste, avare et trompeur. Tous se fondent à merveille dans cette ambiance surannée de fin du XIXème Siècle.
Une mère vivant dans une passion amoureuse du passé, un père effacé, un curé intransigeant qui poussera au drame et un fils, celui par qui la ruine de la propriété plongera définitivement Jeanne Le Perthuis des Vauds dans la douleur.
Un drame romanesque fantasmé et austère finalement assez proche du livre, et de la violence de Maupassant.