"L’abnégation de soi n’est-elle pas le geste le plus humain dans les heures sombres ? Si James Hawes ne la met pas entièrement en application dans son premier long-métrage, préférant s’arrêter aux standards du biopic académique, Une Vie met en lumière cette prouesse à travers ses personnages engagés. L’exercice commémoratif, niais et fiévreux par instant, n’a pas l’ambition de dépasser les modèles qui l’ont précédé, ce qui en fait un objet d’étude sans transcendance ni émotion. Reste que « l’histoire vraie » et méconnue de celui que l’on surnomme le Schindler britannique vaut bien un coup d’œil dans le rétroviseur."
"Il existe un avant et un après. Il est facile de s’imaginer le pont qui relie les deux périodes clés dans la vie de Nicholas Winton. Tiraillé entre trop et tout vouloir raconter, Hawes opte pour une narration en flashback, quitte à en diluer l’intensité dramatique. Il n’évite pas non plus les écueils qui font d’Une Vie un florilège de séquences remplies de bonne volonté et de discours pompeux sur la condition humaine. Elles témoignent pourtant d’une bonne documentation, là encore, pas assez mise en valeur. Le déroulement du sauvetage est rapidement esquissé dans un montage clipesque, anéantissant pour de bon toute forme de tension qu’on aurait pu générer. Et ce n’est pas la musique de Volker Bertelmann qui aidera le film à se défaire du pathos."
"Si on reste convaincu que le projet est une nécessité, afin de diffuser des valeurs solidaires dont l’humanité peut encore douter aujourd’hui, Une Vie reste en creux du portrait de Nicholas Winton, en nous refusant l’accès aux mêmes quais où les sentiments d’incertitude, de frustration, d’injustice et d’apaisement se sont intimement mêlés. Dommage que cette honorable leçon d’histoire ne soit pas toujours à l’image d’un homme dont la modestie contrariée l’a élevé au rang de guide spirituel pour les générations à venir."
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