Dieu, s'il existe, a dû considérer qu'un homme tel que Nicholas Winton méritait sans aucun doute de vivre au-delà de ses 100 ans, en récompense d'une existence marquée par des actes héroïques dont il ne s'est jamais vanté. Sauver 669 enfants dans le Prague de 1939, à la veille de la seconde guerre mondiale, lui a valu le surnom de "Schindler britannique" et son histoire, celle d'un sauvetage organisé d'innocents menacés par la barbarie, est de celles qui appartiennent au devoir de mémoire, d'autant plus essentiel dans une époque aussi incertaine que la nôtre. Le film alterne entre 1939 et 1988, de manière un peu lourde d'abord, avant que l'on comprenne la nécessité de ce découpage qui donne toute sa puissance émotionnelle à la scène-clé d'Une vie, qui ne laissera aucun œil sec. Pour autant, le long-métrage sait le plus souvent rester à distance suffisante du pathos, respectant ainsi le caractère foncièrement modeste de ce Juste parmi les nations, même s'il n'a pas obtenu ce titre, du fait de ses origines. Une vie est une œuvre réalisée de manière classique, la mise en scène s'effaçant devant une histoire qui n'a nul besoin d'être enjolivée pour être poignante et, accessoirement, pour ne pas désespérer totalement du genre humain. Anthony Hopkins, sobre, emporte sans problème l'adhésion, au même titre que Johnny Flynn, dans la peau du même personnage, 50 ans plus tôt.