Une vie
6.9
Une vie

Film de James Hawes (2024)

"Chaque enfant sauvé est la justification de mon existence sur cette Terre, non un titre de gloire"*

Parfois, il faut attendre un peu avant d'être totalement emporté par un récit, soit parce qu'il surprend et commence là où ne l'attendait pas ; soit et c'est le cas ici, parce qu'il est d'une construction un peu plus complexe ou laborieuse que ce que l’on avait imaginé.

One Life n'est pas un film long, mais c'est un film qui prend le temps de se construire, parce qu'il décrit avant tout le cheminement d'un personnage, d'un homme ordinaire qui décide de faire face à une situation beaucoup moins ordinaire, et qui peu à peu va dépasser sa condition d'homme passif, pour influer sur le cours de l'histoire et le destin de centaines d'enfants.

Cet homme, Nicholas Winton, courtier britannique décide en 1938 de rejoindre un ami à Prague pour venir en aide à des réfugiés tchécoslovaques, qui ont fui la région des Sudettes, annexée par Hitler avec la bénédiction silencieuse de le France et de L'Angleterre, soucieuses d'éviter la guerre.

Sur place , il découvre des familles apeurées, juives pour la plupart, déjà endeuillées pour certaines. Mais il découvre surtout des visages d'enfants, terrorisés également, des enfants magnifiques, qui savent encore sourire de tout leur être, pour peu qu'on leur propose un peu de chocolat ou quelques mots d'espoir.

D'abord maladroit, mais convaincu par l'incroyable dévouement des femmes et hommes déjà présents pour aider les réfugiés, Winton va décider que son destin est de tenter de sauver ces vies d'enfants, en organisant leur départ en train vers l'Angleterre où sa mère déjà, prévoit l'accueil dans des familles.

A cet instant et à l'image de son personnage principal, le métrage est toujours hésitant. Après une très émouvante scène d'introduction mettant en exergue un Nicholas Winton âgé, toujours hanté par le douloureux souvenir de ceux qu'il n'a pas pu sauver ; la narration semble encombrée par d'incessants va et vient entre ces années sombres de guerre et des scènes de 1988 qui interrogent sur leur réelle nécessité. Les scènes de Prague ou de Londres de 1939, très explicatives, deviennent elles-mêmes un peu répétitives, jusqu'à que les allemands envahissent la Tchécoslovaquie et renforcent l'urgence de l'évacuation pour sauver ces enfants.

Dans le même temps à Londres en 1988, notre ancien courtier qui tente de se débarrasser de souvenirs devenus top encombrants émotionnellement, prend conscience qu'il doit également partager son passé pour mieux l'exorciser.

Le rythme du métrage s'accélère alors, les aller-retours entre 1939 (où chacun risque sa vie désormais à chaque "convoi") et 1988 où certains commencent à mesurer l'ampleur de ce qu' a réalisé le vieil homme, deviennent haletants. Et puis enfin, vient cet instant, cette "explosion", vingt dernières minutes d'une incroyable intensité, qui rappellent que nous devrons toujours continuer à honorer la mémoire de ces hommes de ces femmes justes ou non, ces humains si précieux dont l'incroyable grandeur d'âme doit toujours servir d'exemple.


* "Every child saved with my help is the justification of my existence on this Earth, and not a title to glory." Nicholas Winton

Yoshii
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le 21 févr. 2024

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