Je livre mes impressions en vrac et comme elles me viennent.
C'est visuellement très beau, ça peut paraître long, c'est très malickien, ça divisera forcément les opinions, ça en irritera certains, l'attitude du héros de l'histoire n'est peut-être pas suffisamment expliquée, le sujet traite de l'objection de conscience poussée jusqu'à son point extrême : le martyre.
On peut vivre le film comme lyrico-mystique. Ou comme assommant. "Dieu est là", "Dieu est forcément là" nous matraque Malick avec la beauté quasi céleste des images dont il nous éblouit. Sans doute, mais si nos yeux nous trompaient, si, contrairement à ce que les Livres Saints nous enseignent, Dieu n'existait pas, que fallait-il faire dans les circonstances que le film décrit ? Sauver sa vie, tout quitter avec femme et enfants, quelque difficile que ce soit, partir en Suisse et de là, aux États-Unis. Sauver sa vie, car rien, rien ne compte que de la protéger.
Côté réalisation, la photographie est superbe... et pour le moins étonnantes les images d'archives sur Hitler, le 3ème Reich et l'accueil du dictateur par les foules allemandes ou autrichiennes. Par contre, j'ai trouvé la bande son un peu faible.
Côté interprétation, les deux acteurs principaux (August Diehl et Valerie Pachner) sont top, irréprochables.
Dans l'ensemble, j'ai aimé Une Vie cachée, mais je ne suis pas sûr d'avoir envie de le revoir (certains passages, quand le héros de l'histoire est emprisonné, sont difficilement soutenables). Quand même, c'est un très joli film... où l'on frise l'ennui.
Si on adopte une perspective chrétienne, ce Franz Jägerstätter est un saint, c'est évident. Il a d'ailleurs, cette histoire étant basée sur des faits réels, été béatifié par le Vatican en 2007. Ce que je n'ai appris qu'après avoir vu le film.
Pour ma part, le principe évangélique : "Si quelqu'un te frappe sur la joue droite, tends-lui aussi la joue gauche" m'a toujours insupporté. Il est vrai que quand ce quelqu'un a une matraque et toi pas, tu ne peux pas faire grand chose d'autre que subir. En même temps, l'histoire de Franz fait aussi penser au proverbe japonais : "Le clou dont la tête dépasse appelle le marteau".
Je me suis demandé si le film de Malick était 100% honnête... Mais qui est 100% honnête ?
Franz Jägerstätter l'était.
Le film se conclut sur cette magnifique citation de la romancière George Eliot :
Si les choses ne vont pas aussi mal pour vous et pour moi qu'elles eussent pu aller, remercions-en pour une grande part ceux qui vécurent fidèlement une vie cachée et qui reposent dans des tombes que personne ne visite plus.
C'est sûrement vrai. Mais pour Franz Jägerstätter, ce fut très chèrement payé.