À l’image du Sorpasso, Risi joue sur la dualité des caractères avec cette fois-ci un - vrai - couple (Alberto Sordi et Lea Massari) d’abord réuni par la guerre, la galère puis la précarité mais dans lequel surgiront par la suite des divergences de points de vue, des manières d’agir différentes et des oppositions de valeurs.
L’un, romain, journaliste au « lavoratore » (le travailleur), communiste idéaliste et fier de l’être, fidèle à ses idéaux, prêt à défendre ses valeurs au nom de la patrie, quoique d’une couardise assez farcesque, vivant de peu et s’en accommodant, se retrouve un jour « piégé » par les obligations familiales (concubinage puis naissance d’un enfant et donc besoin d’argent) au point de se voir confronter au dilemme terrible : l’idéal ou le matériel ; l’autre, en bonne Lombarde, plus pragmatique, ne s’embêtant point de tant de réflexion, privilégiant la sécurité économique à l’honnêteté morale, consciente des devoirs matériels de mère, envieuse des jouissances de l’avoir, finit avec l’aide de sa mère par convaincre son conjoint de changer de cap.
Avec de bonnes scènes (celle du dîner lors de la victoire des Républicains est excellente), de l’humour teinté de drame, un Sordi pas mal mais pas au top de sa forme, quelques coups de mou dans le rythme et un itinéraire narratif parfois chaotique, una vita difficile demeure un film plaisant montrant à sa manière la réalité d’une époque sous toutes ses coutures.