Corps en sursis
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"Un grand film sort du maquis" selon Télérama, cette affirmation étant bien mise en évidence en haut de l'affiche. Mon avis; comme souvent avec ce magazine culturel français; va se révéler différent. Déjà, la bande-annonce ne me donnait pas envie, mais un film sur la Corse, cela change des lieux et sujets habituels. Puis, comme je ne connais pas son histoire, en dehors de son souhait d'être indépendante, c'est une bonne occasion d'en apprendre un peu sur l’île de beauté.
Paris, 2001. Stéphane (Jean Michelangeli) est un jeune homme issu de la bourgeoisie, passant ses soirées à débattre sur divers sujets autour de plusieurs bouteilles. En apprenant l'assassinat d'un de ses amis, il rentre à Bastia pour le venger. Pour comprendre les causes de ce décès, on va se retrouver dans les années 90. En voulant rendre service à ses amis, Stéphane se retrouve en prison pendant deux ans ou il va faire la connaissance de François (Dominique Colombani), un nationaliste qui va l'embrigader pour défendre les intérêts de la Corse. Un dévouement pour son île qui va se révéler tragique.
L'histoire s'inspire du jeune militant nationaliste Nicolas Montigny assassiné en 2001 à Bastia. Pour d'obscures raisons, il a été rebaptisé Stéphane. Son destin était écrit d'avance. Au détour d'une scène, il exprime son admiration pour Kurt Cobain et parle de son désir de vivre sa vie selon ses convictions. Sa mère a forgé son caractère et sa rencontre avec François va être déterminante dans son choix de vie. Pourtant, il faisait des études en sciences politiques et ne semble pas avoir le profil pour devenir un indépendantiste. Du moins, c'est l'avis que se font la plupart des gens à son sujet. Dans une des rares scènes où les mères ont la parole, les langues se délient et semblent nous faire comprendre que cette terre prend leurs enfants sans faire de distinction. Dès qu'ils entrent dans un des mouvements nationalistes corses en ne respectant pas les règles, cela se termine toujours pas la mort.
Le sujet est intéressant, mais c'est la confusion qui règne. Les enjeux nationalistes, mafieux et politiques ne sont pas développés, tout comme les personnages. On comprend que cette jeunesse a grandi dans la violence et semble en manque de repères. On comprend aussi que cette confusion est dû à l'état d'esprit de Stéphane. Il ne donne pas le sentiment de vraiment savoir dans quoi il met les pieds, malgré ses discours et convictions. Le film s'appuie trop sur lui, en oubliant de donner de la profondeur à ceux qui l'entourent ou dont ils croisent la route. On avance sans vraiment connaitre le rôle de chacun, tout en devant se taper les jérémiades de son insupportable petite amie qui n'apporte rien au récit. Les ellipses et la sécheresse du récit ne permet pas de rentrer dans l'histoire. On observe en essayant de comprendre les enjeux, puis à force de se sentir mis à l'écart, on finit par attendre la fin.
En prenant principalement des acteurs amateurs, le réalisateur et scénariste Thierry de Peretti a voulu donner un côté authentique à son oeuvre. Cela crée surtout un déséquilibre avec Jean Michelangeli qui domine la distribution, malgré un côté Vincent Lacoste. Cela décrédibilise un peu sa stature de chef charismatique, mais sans que cela soit vraiment pénalisant. L'absence d'identité des autres personnages et d'explications sur les motivations et enjeux, reste sa principale faiblesse.
Créée
le 18 août 2017
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