Subjectivité, folie et enfermement

La Vie volée de James Mangold, adaptation des mémoires de Susanna Kaysen, s’inscrit dans une tradition où le cinéma examine la fragilité mentale sous le prisme des institutions psychiatriques. Plus qu’un simple récit d’enfermement, le film interroge la subjectivité des diagnostics psychiatriques et des contours flous entre normalité et pathologie.

Au cœur de cette exploration, Susanna, internée pour un trouble borderline, et Lisa, anarchique et autodestructrice, s’opposent et se complètent. L’hôpital, avec ses couloirs froids et ses espaces clos, devient une métaphore d’un monde où les diagnostics psychiatriques médicalisent les émotions et stigmatisent la différence, en particulier chez les femmes.

La mise en scène épouse cet enfermement : des cadrages serrés et une lumière artificielle plongent les patientes dans une claustrophobie visuelle. Les performances d’Angelina Jolie et de Winona Ryder animent cet univers oppressant avec intensité et intelligence.

Pourtant, le film n’échappe pas à certains écueils. En romantisant par moments la maladie mentale, notamment à travers la figure de Lisa, il tend à simplifier des réalités complexes. De même, la quête de rétablissement de Susanna, bien que sincère, reste parfois trop linéaire, atténuant l’ambivalence qui caractérise de telles trajectoires.

Mangold, loin de s’enfermer dans un pathos accablant, offre une œuvre qui oscille entre ombre et clarté, entre enfermement et émancipation, nous rappelant que, même dans les lieux les plus sombres, subsiste une possibilité de réconciliation avec soi-même.

cadreum
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