À travers une écriture cohérente et profonde, Vazquez et son équipe nous entraînent dans un univers coloré, kawaii, vibrant, et somptueusement réalisé.
L'aspect visuel du film est irréprochable, et à part quelques ombres sur certains plans si l'on souhaite vraiment chipoter, c'est une claque visuelle à chaque plan contemplatif qui nous est donné à voir. Le reste des plans oscille entre une narration efficace et une violence exacerbée, j'y reviendrai.
L'écriture est profonde et cohérente. À travers des personnages universels sont explorés des thèmes comme le sentiment d'abandon, la culpabilité, la jalousie au sein d'une famille mais également comment ces sentiments se répercutent sur les autres. Comment on accepte de se faire fouler pour ceux que l'on protège. Comment la magnanimité ne dit justement pas son nom, et combien coûtent la course à la beauté et à la réussite.
Ses références sont nombreuses, de Platoon à Worms en passant évidemment par Mononoke, Apocalypse Now et d'une manière croissante au fil de l'avancée scénaristique, Happy Tree Friends.
Les personnages sont attachants et le récit profond. La claque visuelle est retentissante mais ne résonne pas assez loin : un corps chaotique vient à troubler son écho. Le propos, tout du long, prend en intensité dans une subtilité de rebondissements plus ou moins imprévus (la trame n'est pas expérimentale, mais en voyant le film, on ne sait pas à quoi s'attendre), jusqu'à ce que.… la grande cacophonie de violence prenne le dessus.
D'accord, c'est le message du film. Mais nous l'avions déjà. Et combien plus subtil aurait-il pu être, en s'arrêtant quelque peu plus tôt près d'une cascade, au lieu d'aller dans la surenchère de la surenchère ?
Ce film passe d'une idée extrêmement pertinente à son détournement gore de série B. Il perd sa grandeur en perdant sa nuance, mais demeure extrêmement bien écrit et réalisé. Je le conseille vivement, surtout en salles, où il déploiera son gigantesque potentiel visuel devant vos yeux ébahis.
En s'achevant au moment où l'ours Dodu retrouve la jeune licorne blessée pour faire la paix avec elle et mieux que ça, la soigner, le film aurait laissé un constat à la fois plein d'amertume et d'espoir : oui, le monde fabrique de faux héros pour répondre aux ambitions les plus sombres, et ces conséquences sont désastreuses. Ces imposteurs saisissent leur chance en même temps que le pouvoir dont ils rêvent, vengeurs de leurs traumas passés. Mais surtout, le film montrerait qu'il est possible de créer par l'amour un autre monde, loin de ces tumultes. Il aurait ainsi été une ode au détachement. Le tableau noir qu'il dresse n'aurait en rien été dilué par un peu de lumière : au contraire, en voulant tout recouvrir, il a finit par tâcher son propre éclat.