Présenté comme un reportage sur l'histoire du black-metal norvégien, ce document rate complètement sa cible en se contentant d'effleurer quelques points particuliers (et pas forcément des plus intéressants) en une suite d'anecdotes décousues, qui ne parleront guère aux non-initiés.


Pendant une heure et demi, entrecoupée par quelques scènes contemplatives, les deux réalisateurs Aaron Aites et Audrey Ewell se contentent de faire parler une poignée de figures plus ou moins grandes de l'âge d'or du "trüe norwegian black metal" sans qu'il n'y ai réellement d'historique, de retour sur les origines, d'analyse de ce qui amena le genre à être si prolifique dans ce petit pays nordique. Bref, pas grand chose à se mettre sous la dent alors qu'il était question de revenir sur l'Histoire d'un genre musical ayant maintenant près de trente ans.
Sans forcément passer par une voix-off ou des tartines de texte, le défaut majeur de ce document à mon sens est d'être terriblement sous-documenté et incomplet. C'est à peine si des groupes comme Venom ou Celtic Frost sont cités parmi les influences des intervenants, qui sont d'ailleurs bien trop peu nombreux et n'abordent finalement que peu de sujet en dehors des destructions d'églises et des meurtres perpétrés. Huit interviewés, pour parler d'une décennie entière ayant vu naître des dizaines d'albums mythiques, c'est un peu maigre.


Fenriz et Varg Vikernes constituent un peu le fil rouge du reportage, parlant tantôt de l'un sur l'autre et réciproquement, tantôt de ce qui les a amené à embrasser ce milieu à la fin des années '80, tantôt de ce que leur inspirent maintenant ce pan d'histoire de la musique dont ils font partis.


Le reportage est en fait majoritairement axé sur Vikernes (le titre "Until the light takes us" est d'ailleurs une traduction du titre de son quatrième album) ce qui est à mon sens un parti-pris fort douteux, et qui donne notamment lieu à une scène assez malhonnête dans laquelle il décrit ce qu'il s'est passé le jour du meurtre d'Euronymous. Rien ne vient s'opposer à sa parole ou mettre un peu d'eau dans le vin de ce qui reste SA version des faits, alors que le doute plane et planera toujours quant à ce qui s'est réellement passé ce jour là.


Il en résulte comme une impression que le reportage est surtout pour lui l'occasion de minimiser le rôle d'Euronymous, de se faire passer pour le cerveau derrière le courant tout entier, en oubliant pas au passage de plaider une nouvelle fois la légitime défense dans la bagarre qui aura vu la mort du fondateur de Mayhem ; et si en plus on oublie de parler de 90% des personnalités ayant réellement comptés...


Je disais plus haut que huit musiciens parlent face caméra, mais Abbath et Demonaz n'ont par exemple pas plus de trente secondes de parole en tout et pour tout, ce qui est terriblement dommage car Immortal est un groupe ayant beaucoup compté et qui demeure très populaire. Mais voilà, tout ou presque tourne autour de Vikernes et, bien que cela reste un point de vue d'intérêt dans toute cette histoire, il n'en demeure pas moins l'un des deux seuls dans ce doc', ce qui est bien trop peu.


Toutefois, malgré les énormes lacunes de ce reportage vis-à-vis de son postulat de départ, cela reste un document "intéressant" pour les amateurs du genre car les réalisateurs ont pris le temps de discuter avec les intervenants et il en résulte des interviews étonnement intimistes, presque surprenantes par moment. L'élément le plus intéressant étant au final d'entendre directement les intéressés sur les raisons qui les ont amenés à produire ce type de musique (et à brûler des églises pour certain) bien que ce fut déjà brièvement abordé dans le reportage "Metal : a Headbanger's Journey" de Sam Dunn, sorti en 2006, qui donnait soit dit en passant la parole à une frange plus large de musiciens.


Il est également à noter qu'en parallèle à ces témoignages, on suit les travaux d'un artiste visuel fasciné par l'imagerie black-metal, témoignant d'un héritage culturel que la Norvège commence à assumer. Encore un point qui aurait peut-être pu être plus amplement développé.


Pour résumer, je conseille (si si) ce reportage à ceux que le sujet intéresse et qui en connaisse déjà suffisamment bien les arcanes, car cela reste l'occasion de glaner quelques anecdotes, et puis l'OST est plutôt sympa (bien que pas très diversifiée).


En revanche je déconseille vivement le visionnage aux néophytes qui voudraient découvrir le milieu par le biais de ce doc', car tout est trop décousu et bien trop avare pour que vous en sortiez (correctement) renseigné.
C'est con à dire, mais Wikipedia est largement plus intéressant...

Attila
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le 15 août 2011

Modifiée

le 8 sept. 2012

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