En 2004, Shane Carruth avait frappé fort avec "Primer", film de SF singulier tourné avec quelques dollars en poche. Presque 10 ans après, Carruth nous revient avec "Upstream Color", un mélange de fantastique et de romance tout aussi étrange. On y suit un homme et une femme, qui sont inexplicablement attirés l'un vers l'autre après avoir été infectés par un mystérieux parasite.
Il s'agit là de cinéma sensoriel, où l'intrigue passe en second plan, derrière le ressenti des personnages. Le réalisateur parvient à nous transmettre ces émotions, grâce à de superbes images, un montage soigné et bourré d'implicites, une BO aux sons naturels, et un tandem d'acteurs convaincant (Amy Seimetz et Carruth lui-même), alternant ainsi entre séquences dérangeantes (surtout la première partie), ou dramatiques. Entre tout ceci et sa conclusion peu orthodoxe, le film est donc très loin des conventions, et ne plaira pas à tout le monde. Néanmoins, Shane Carruth parvient une fois de plus à nous livrer une œuvre portée à bout de bras, qui ne laisse jamais paraître son faible budget (50 000 dollars), et qui demeure originale.