Urban Justice est un petit BZ crapoteux qui se croit "trop cool", le plus sérieusement du monde, alors qu'il n'est que poses et ringardise mais cette anomalie filmique dégénérée est tellement "over the top" et sincère dans sa stupidité crasse sans limite, qu'elle en devient immédiatement magique, presque vouée à devenir culte. Voir le 'Saumon agile' se frayer ainsi une vendetta, au milieu de "wannabe gangstas" tout sauf badass, qui citent Tony Montana à la moindre occasion, en faisant les kékés devant des donzelles défraîchies mais qui finissent invariablement par pleurer leur maman dès que le vengeur difforme leur prend le flingue des mains, avant de les avoiner comme jamais, relève de la jouissance ultime. Surtout que la vengeance aveugle se réalise le plus violemment possible et à un rythme soutenu, en dézinguant un maximum de figurants dans des geysers de sang ininterrompus, sur le ton le plus je-m'en-foutiste possible. Un "ton" probablement involontaire, dû au pire tâcheron imaginable : le nullissime Don E. FauntLeRoy, à qui l'on doit déjà, deux des pires étrons de la filmographie de Seagal (Today you die et Mercenary for Justice). Infoutu de filmer, monter, ou même de mettre en scène la plus élémentaire séquence de dialogue, l'incapable gorge son film d'inserts ineptes et de faux raccords, torchant les scènes de combats en extrêmes gros plans. Le résultat est un carnage visuel et sonore qui rend l'expérience encore plus mystique.
Poseur, raciste, irresponsable, ultra-violent et ouvertement fasciste dans son apologie décérébrée de la justice personnelle basse du front (à des années-lumière d'un Death Sentence, par exemple), Urban Justice est un trip hallucinatoire paroxystique et foutrement cathartique, l'une des pires merdes jamais imprimée sur pellicule, l'Ωméga de la série BZ d'action qui marque une sorte de point de non-retour, à la fois "en général" mais aussi dans la carrière de l'acteur. L'exemple parfait de film indéfendable, le prototype d'outrage filmique impossible à apprécier sans être le plus déviant des esprits dérangés. C'est bien simple, il devrait être interdit d'aimer Urban Justice dans le meilleur des mondes civilisés possible. Et c'est précisément pour cette raison et uniquement celle-là, que cette horreur relève de l'achat en Blu-ray le plus indispensable depuis le début de l'année.