Le masqué avait gardé un bon souvenir de Get Out, même si la hype un peu trop orchestrée n'était pas totalement méritée à son goût.
Car il faut reconnaître que Jordan Peele, alors qu'il avait su tisser une atmosphère malsaine dès son coup d'essai, voyait son sujet lui échapper à l'heure où se profilait un climax maladroit, se terminant sur une queue de poisson malheureuse.
En rentrant dans la salle, Behind n'a pas su se débarrasser de ces quelques réserves, même s'il avait trouvé Get Out plutôt à son goût malgré tout.
Et ce soir, un peu le même soir deux ans plus tôt, Behind a été immédiatement emportée par l'atmosphère délétère de Us, tout en étant incapable de mettre clairement le doigt dessus. Quelques chose cloche, c'est sûr. Mais quoi exactement ?
Déjà ce billet par lui-même, car le masqué se rend compte qu'il utilise des mots semblables avec deux années de décalage. C'est le signe que Jordan, encore une fois, tombe Peele quand il s'agit de secouer son public et de l'installer dans un décor trouble, qui balance entre la fête foraine typique des villes balnéaires américaines de littérature et de cinéma et des bas fonds parfaitement orchestrés et allégoriques aux allures de Silent Hill.
Entre deux, le metteur en scène prend son sujet à bras le corps comme si sa vie en dépendait, alternant le home invasion movie, le survival, la satire sociale malaisante, l'odyssée psychologique de lutte contre ses pulsions les plus noires et un twist que Manoj Night Shyamalan n'aurait pas renié. le tout dans un véritable épisode de la série La Quatrième Dimension parmi les plus réussis et troublants qui soient.
Au point que Peele se défait des quelques faux pas émaillant Get Out, faisant de Us un film bien plus tendu, infiniment plus riche et dépassant les attentes de simple brûlot racial prolongeant les thèmes abordés par le fils aîné. Se transformant en sorte de grand remplacement d'un groupe par un autre aux accents très Spartacus en forme de cauchemar éveillés prenant un malin plaisir à s'emparer de nos propres angoisses et de leur retourner contre nous.
Ainsi, l'emprise de Peele ne se relâche jamais : la violence physique et psychologique fait son effet, tout comme les surprises émaillant un scénario sans temps morts. Tout comme on se surprend, malgré l'étendue du mal, à ressentir quelque chose d'étranges, en certaines occasions envers les doubles agresseurs violant jusqu'aux dernières extrémités l'intimité et la sécurité du foyer. Attitudes, regards, borborygmes, cris gutturaux, la tribu, et Us dans son ensemble, déstabilisent, emportent et fascinent. Dans un voyage sans retour aux allures de purgatoire ou de fable existentielle et morbide.
Avec Us, film incroyable monté sur un script malin et une telle maîtrise de son imagerie, parfois sublime, le spectateur ne peut se dire qu'une chose :
Peele est maboul.
Et le pire, c'est qu'on est prêt à en redemander.
Behind_the_Mask, body double.