Bien essayé mais ça ne prend pas...
Autant "Get out", bien qu'inégal, détenait quelques idées de mise en scène et un propos légèrement subversif, autant nous avons affaire ici à un banal slasher horrifique convenu et peu crédible.
Le ton adopté et la mise en scène stylisée (pour ne pas dire "clipesque") sont qui plus est à la limite de la prétention, ce brave Jordan se complaisant dans l'usage de gros plans systématiques sur les visages des "ombres", comme s'il était fier de ses trouvailles visuelles et qu'il voulait nous signifier à chaque instant "vous avez vu mes personnages? Ils sont fous hein? Avouez que vous avez peur?". Heu non désolé...
En effet, Peele en fait ici des tonnes et se rapproche davantage du publicitaire que du cinéaste, la forme étant clairement privilégiée au fond, le spectateur suivant ainsi cette "nuit de cauchemar" vécue par la gentille petite famille avec un certain désintérêt, ou plutôt un désintérêt certain.
Rien de réellement original dans tout ça, des "doubles démoniaques" tentent de s'accaparer la vie des protagonistes en s'amusant avec eux avant de les tuer (ou pas...), leurs intentions restant pour le moins obscures malgré les pseudo explications vaseuses et malhonnêtes dispensées par la réalisation.
De plus, les membres de cette famille black bien proprette et américaine pourraient se faire découper un à un (ou pas, toujours...), le spectateur n'en aurait strictement rien à cirer, aucune empathie ne pouvant être ressentie pour des personnages aussi stupides et caricaturaux (le père, mais quel beauf!).
La qualité de la photographie n'est clairement pas ici au service de la mise en scène, pompeuse, racoleuse et prétentieuse, la caméra s'attardant systématiquement sur les doubles maléfiques, leurs ciseaux en or et leurs tenues de peintre en bâtiment, le manque d'écriture du scénario et des personnages les rendant plus ridicules qu'effrayants.
En effet, de nombreuses situations tournent clairement à la facilité scénaristique, les protagonistes courant dans tous les sens pour échapper à leurs assaillants mais se retrouvant systématiquement au même endroit et au même moment, pour tomber bien évidemment dans un nouveau piège lorsqu'ils tentent de se mettre à l'abri.
Les "ombres" quant à elles ne parlent pas (à part le double de la femme, qui a apparemment fumé beaucoup de gitanes dans sa jeunesse), arborent constamment un petit sourire sadique et sortent leurs ciseaux en "tapant la pose", et ne semblent pas réellement pressées d'aller tuer leurs homologues (c'est peut-être trop facile...).
Aussi, les sous-titres du début faisant comprendre au spectateur qu'il existe aux États-Unis des kilomètres de sous-sol et des anciennes mines abandonnées, bien évidemment pour donner un aspect authentique et réaliste à l'ensemble et nous signifier que les ombres y vivent, témoignent de la grossièreté et du manque d'inventivité des scénaristes.
Bref, on se fait chier, rien n'est innovant ou réellement surprenant, la production voulant évidemment nous faire croire que le film est profond, subtil et ingénieux, et renouvelle le genre horrifique avec brio et virtuosité.
Pelee n'est finalement qu'un énième publicitaire besogneux misant sur la naïveté du public et représente au film d'horreur subversif ce que Nolan incarne avec ses films de super-héros: du vent...