De l’identique au multiple, Peele convoque la rhétorique du double mais en lacère tout son mystère. Lutte des classes à l’envers du monde. Thème profondément troublant et inquiétant qui n'a cessé de hanter la psyché humaine, puisqu’on en voit les traces dans la mythologie, les arts, les religions et dans le champ du savoir scientifique ( ici du clonage) , ce que je trouve habituellement intéressant dans les films de « double », c’est justement de laisser jusqu’au bout, le malaise, ce qu’on appelle l’inquiétante étrangeté, qui nous confronte à la perte de logique. L’angoisse qui s’insinue, qui envahit quand l’intime surgit comme étranger, inconnu, avec terreur et sidération… Thème profondément énigmatique, qui contient en lui-même un paradoxe, celui d’être à la fois lui-même et l’autre, Le Doppelgangër, signifie littéralement « celui qui marche à côté, le compagnon de route » est assimilé à l'adversaire, à « l'ennemi déroutant qu'il faut combattre et détruire » On aurait dû restés dans ce trouble, cette terreur … Sans être complètement frustrée, je n’ai pu m’empêcher de comparer avec Get Out et donc forcément je suis déçue. Il y avait de quoi faire un vrai thriller paranoïaque et cela retombe trop vite, car comme beaucoup le soulignent, tout le mystère, le fantastique, l’inquiétante étrangeté laissent la place à l’explicatif, à la démonstration ; même le twist est éventé, amené trop vite. Dommage parce qu’il y a de belles scènes surtout au début, et j’ai aimé retrouver toutes ces références cinématographiques qui pullulent dans des détails, des situations. Mais dans l’ensemble au lieu d’être suggéré, tout est asséné, les symboles trop voyants, la satire politique sur le gouvernement sur les privilégiés et le peuple souterrain manipulé, abandonné à son sort traitée de façon un peu grossière.