Avec un sujet ô combien sensible, difficile de ne pas faire dans la facilité tant une tuerie de masse ne devrait pas vous laisser indifférent. Pourtant la caméra choisit ostensiblement d’incarner un personnage, ainsi le spectateur est à son tour témoin et victime du vacarme ambiant. Le film s’ouvre d’ailleurs sur un regard face caméra, astucieux puisque qu’elle interpelle le spectateur pour ensuite reprendre sa place dans l’histoire.
La situation se met alors en place, peignant le tableau de ces jeunes venus surtout prendre du bon temps ; et même si on voit le stratagème des liens entre eux pour mieux souligner l’horreur de la suite, on reste dans un temps suspendu : le spectateur attend le drame, car le fait divers a une place importante dans nos vies.
Les premiers coups de feux retentissent et c’est alors qu’on est plongé dans l’insoutenable. Le bruit est sans doute le plus enfermant, au cœur de cette île il est difficile de se concentrer sur sa direction. Le nombre est encore plus effrayant que les cris puisque qu’ils vont nous bercer de terreur sur plus d’une heure. En suivant un personnage, le réalisateur choisit de montrer les différentes étapes du processus de stupéfaction, entre la peur et la volonté de sauver ce qui peut l’être. Puisqu’il faut bien des moments plus calme, trompant les enfants sur un arrêt possible des tirs, l’histoire se concentre sur les banalités pour oublier l’horreur du moment présent. Utoya offre un témoignage réaliste du drame qui a frappé l’île. Le terroriste est mis à l’écart, simple silhouette, il n’est jamais nommé pour ne pas donner raison à ses théories. Le film finit son discours sur la montée grandissante de l’extrême droite, preuve si il en est, que la menace ne vient pas toujours de l’extérieur.