Violent Heterogeneous Sketches
Le succès ayant été au rendez-vous avec la première anthologie, on ne fut guère surpris lorsqu’une seconde fournée a été annoncée. On retrouve Simon Barrett et Adam Wingard déjà présent dans le premier volume. Le projet est notamment intéressant lorsque l’on parcourt la liste des nouveaux venus : Jason Eisener (le généreux Hobbo with a shotgun), Gregg Hale et Eduardo Sánchez (respectivement producteur et réalisateur du projet Blair Witch), Timo Tjahjanto (Macabre) et Gareth Evans (propulsé sur le devant de la scène grâce à The raid).
Du beau monde pour un projet se devant de rehausser un premier volume manquant cruellement de rythme. Écumant divers festivals, V/H/S 2 se taille une jolie réputation notamment grâce au buzz que véhicule le segment réalisé par Timo Tjahjanto et Gareth Evans.
Adoptant une structure proche de son prédécesseur, l’œuvre suit un couple de détectives découvrant une pièce remplit de cassettes. Réalisé par Simon Barrett, Tape 49 réussit à dérouler son histoire entre chaque sketch et créé un fil rouge de qualité. Le twist final est pour la peine assez inattendue et même si les ultimes minutes s’enchainent trop rapidement, le réalisateur a le mérite de réussir à maintenir un suspense à chaque reprise de l’histoire.
De retour pour cette seconde anthologie, Adam Wingard ouvre le bal avec son Phase I Clinical Trials. On suit les péripéties d’un homme venant de subir une greffe d’œil bionique, l’occasion idéale pour enregistrer sa réhabilitation pour son médecin et de notre côté d’être témoin d’événements surnaturels. Le fait de vivre l’expérience en se plaçant du point de vue du convalescent permet de vivre pleinement l’histoire et décuple les moments de frayeurs. Un premier segment réussis, bien rythmé et allant à l’essentiel.
On enchaîne ensuite avec A Ride in the Park de Gregg Hale et Eduardo Sánchez. Exit le milieu urbain, les deux auteurs nous proposent une virée en plein air qui va être perturbée par l’arrivé d’individus particulièrement voraces. C’est donc grâce à des caméras GoPro que l’on va suivre le calvaire d’un jeune homme au comportement de plus en plus agressif. On se retrouve avec le même constat que le premier segment, l’histoire met rapidement en place l’environnement et rentre dans le vif du sujet dès les premières minutes. Le rythme ne faiblit pas et offre des moments généreux en tripailles. Une bonne surprise étant donné que depuis le projet Blair Witch, les auteurs n’ont rien fait de bien mémorable.
Arrivé à mi-chemin, on peut constater que la qualité est au rendez-vous. Un constat agréable nous amenant au fameux segment de Timo Tjahjanto et Gareth Evans intitulé Safe Haven. Placé au côté d’une équipe de reporter, nous allons à la rencontre d’un gourou à la tête d’une secte vivant en autarcie. On suit pas à pas l’enregistrement de cette enquête jusqu’à ce que tout bascule. A partir de ce moment, tout s’enchaine rapidement et on assiste à un carnage en bonne et due forme. Les auteurs multiplient les moments de folies et on reste scotché jusqu’à un dénouement propre aux croyances locales (l’action se déroule en Indonésie). La multiplicité des points de vue permet de dynamiser l’histoire et de suivre le parcours des différents protagonistes en parallèle.
C’est donc totalement bluffé que l’on attaque l’ultime sketch dirigé par Jason Eisener : Slumber Party Alien Abduction. L’auteur nous narre les frasques d’adolescents profitant de l’absence des parents pour improviser une fête. Les jeunes multiplient les plaisanteries sans se rendre compte que d’étranges individus se sont invités à leur insu. Privilégiant des couleurs très vives, le réalisateur emballe son histoire de manière correcte. On retrouve les codes propres au genre abordé : son tonitruant et aspect visuelle des créatures conformes à la culture populaire.
En se positionnant dans sa seconde moitié du point de vue d’un chien, on retourne au stade de spectateur tout en restant au cœur de l’action. Un choix judicieux permettant de vivre l’expérience quelque peu différemment.
Une fois le visionnage terminé, un premier constat est évident : cette seconde anthologie est d’une bien meilleure qualité que son prédécesseur. Ceci est notamment du à la présence d’histoires captivantes, rythmées et abordant chacun un thème différent. Le choix de médias plus sophistiqués permet de nous immerger plus facilement dans chaque récit même si on est en droit de se demander quel est l’intérêt de transférer sur cassettes des données numériques.
L’œuvre est toujours aussi riche en hémoglobines et moins en nudité, ce qui n’est pas plus mal étant donné que son modèle utilisait cet aspect avait pour but de combler une carence scénaristique en général.
L’ensemble est d’un niveau homogène même si Safe Haven se démarque énormément du lot. On comprend mieux l’engouement généré autour de ce segment, sa seule présence justifie le visionnage de V/H/S 2 !
On peut présumer qu’une troisième fournée sera de rigueur si le succès est au rendez-vous. En attendant, on peut toujours guetter l’arrivée de The ABCs of Death qui se fait furieusement désirer.