Gossip girl
Un film précédé d'une mauvaise réputation (essayez de le placer dans une conversation, vous verrez : "ah moui, c'est pas terrible"), qui du coup m'a mise en position d'apprécier ses bons...
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le 6 août 2011
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En 1938, George Cukor retrouve Cary Grant et Katharine Hepburn après « Sylvia Scarlett », pour réaliser un remake de « Holiday » de 1930, déjà basé sur une pièce de Broadway écrite par Philip Barry (et, qu’Hepburn a déjà joué sur les planches).
John ‘Johnny’ Case est le plus heureux des hommes. Déterminé et travailleur, il a rencontré, pendant ses premières vacances depuis ses dix ans, la jolie Julia Seton, avec laquelle il s’apprête à convoler. De retour à New York, il se rend à l’adresse indiquée par sa belle, décidé à demander sa main à son père. La surprise est de taille lorsque Johnny découvre la demeure des Seton, un énorme manoir au faste et au luxe outranciers.
S’il est d’abord un peu intimidé par l’immensité des lieux, le brave Johnny retrouve une contenance lorsqu’il rencontre sa dulcinée, qui lui présente sa sœur Linda et son frère Ned. Il ne tardera pas non plus à rencontrer le père, Edward, richissime banquier de Wall Street pour qui la réussite ne passe que par un enrichissement effréné.
Du fait de sa nature théâtrale, « Holiday » se joue majoritairement à huis-clos. Outre le charisme de ses acteurs principaux, l’autre ingrédient de la réussite du film est sa volée de seconds rôles, excellents et caricaturaux (parfois un peu trop pour certains).
« Holiday » aborde, sous ses abords de comédie de mariage et de famille gentillette, plusieurs thèmes, proposant un regard critique sur les financiers – la crise de 29 n’est pas loin, et au moment du film, les Etats-Unis sont encore en période de dépression –, et de manière générale, une satire de la haute société bourgeoise américaine.
Le personnage de Johnny Case incarne le ‘rêve américain’ : self-made man, il s’est hissé au sommet grâce à son travail acharné (depuis ses dix ans), et son intelligence affûtée. Ses efforts portent leurs fruits, et le jeune homme est en passe de devenir riche. Là où les visions de Case et de Seton, qui règne sur un empire de millions de dollars, diffèrent, c’est sur la finalité du travail et de la richesse. Si celle-ci, et son amassement, constituent à la fois un but, un défi et un plaisir pour le patriarche, pour Johnny, c’est avant tout l’assurance d’une indépendance pécuniaire, qui doit ensuite lui permettre de réaliser ses rêves. Accaparé par le travail depuis son plus jeune âge, Case cherche donner un sens à sa vie.
Mais, avant tout, « Holiday » est une comédie vitaminée et très drôle, comme sait si bien les réaliser George Cukor.
Ici, il nous emmène dans une immense maison aux couloirs interminables – une demeure qui se paye même le luxe de posséder des ascenseurs pour voyager entre les étages. Le cadre est posé, et tout devient très bien lorsque l’on rencontre la fratrie Seton : Linda (Katharine Hepburn), enjouée et vive d’esprit, enfermée dans ce milieu qu’elle honnit ; et Edward Jr. ‘Ned’, interprété par un Lew Ayres aux faux airs de Colin Farrell, musicien raté, alcoolique convaincu, et soumis à l’autorité paternelle. Dès lors, les échanges deviennent très bons, atteignant leur meilleur niveau lorsque se joignent à la fête les amis de Johnny : Nick et Susan Potter, joués respectivement par les excellents Edward Everett Horton et Jean Dixon.
Evidemment, au milieu de toute cette charmante bande de joyeux marginaux, Cary Grant apporte une touche de folie supplémentaire – ce à quoi il excelle (il suffit, pour s’en convaincre, de jeter un œil à « Arsenic et Vieilles Dentelles », ou à « L’Impossible Monsieur Bébé »).
Avec sa maestria habituelle, et, soutenu à la fois par deux excellents rôles principaux et une brochette de seconds rôles tous excellents, George Cukor nous gratifie avec « Holiday » d’une comédie matrimoniale (et sociale) très drôle. Des bons dialogues, des répliques qui fusent et un humour omniprésent font le succès du film, qui souffre cependant de quelques longueurs dans sa dernière partie.
Mais bon, il y a Cary Grant et Katharine Hepburn, et, avec Cukor aux commandes, il y avait donc peu de risques d’être déçu.
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Créée
le 21 mai 2015
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