J'ai vu ce film il y a longtemps. Un temps où je n'étais pas spécialement amoureux d'Audrey Hepburn et encore moins de Rome que je ne connaissais pas. Je suis tombé amoureux d'Audrey Hepburn avec Diamants sur canapé et de Rome à la fac d'histoire.
Le premier visionnage de Vacances romaines doit donc remonter aux années 80, d'une diffusion au ciné-club d'Antenne 2, à moins que ce fut au cinéma de minuit sur FR3? Une époque jurassique par conséquent en ce qui concerne ma pomme.
J'avais pourtant aimé ce film joliment bâti, la lente et subtile relation qui se noue entre ce grand échalas de Peck et cette brindille d'Hepburn, ce récit juste balancé entre dolce vita et carcan social, entre joie et amertume.
Je comprends aujourd'hui que je ne pouvais tomber amoureux d'Audrey Hepburn sur ce film, mais bien plutôt avec Diamants sur canapé. Ici, elle joue une fillette. Dans le film de Blake Edwards, elle est une femme, tellement sûre de son corps, de son pouvoir de séduction qu'elle en est irradiante de beauté.
Dans Vacances romaines, elle est belle, enjouée, se cachant un temps son destin de princesse au statut politique qui tôt ou tard va la rattraper. Elle vit son carpe diem romain avec l'avidité que requièrent les choses rares. Il y a une tragédie au cœur de cette comédie romantique. Quoiqu'il en soit, la petite fille va devenir femme au sein d'une Rome populaire.
Et cette éclosion est filmée avec autant de délicatesse et de justesse qu'il était nécessaire. William Wyler, qui saura diriger les gros bras musclés de Charlton Heston dans un cirque ou une galère, montre ici 6 ans plus tôt qu'il est tout aussi capable de scruter les inflexions de l'âme. On est très vite conquis par la capacité de ce film à dessiner la lente, mais sûre construction de l'idylle entre les deux personnages principaux. Pas le moindre heurt. A coups de regards, de sourires, très progressivement les deux acteurs élaborent une danse attendrissante sous l'œil d'une caméra qui sait rester un peu en retrait (à quelques très rares gros plans indiscrets près). Finalement, il n'y a guère que la grande scène finale où le cadrage serré sur les yeux humides des deux comédiens pourrait a priori passer pour inquisitrice. Or, elle est amenée avec un grand soin. D'abord, la tension est à son comble, les spectateurs sont donc attentifs à ces petits détails que tracent les regards, les nuances des traits dans les gestes ou les expressions du visage. De fait, cette superbe séquence est à pleurer. Très intense, elle n'est pas non plus dans le larmoyant excessif. Il y a de la retenue, celle des personnages, qui se partage en quelque sorte. J'aime beaucoup la mise en scène très respectueuse de Wyler, dont le spectaculaire est surtout intériorisé et non grandiloquent et encore moins putassier.
La réalisation de Wyler est fine, bien aidée il est vrai par les deux comédiens. Audrey Hepburn est tellement douée. Elle m'épate toujours. Certainement une de mes actrices préférées grâce à son jeu très sûr, subtil et d'une redoutable efficacité.
Gregory Peck est imPeckable, bien entendu. Toujours à l'économie, son jeu se contient, remarquablement sobre comme il était de coutume à l'époque.
J'ai été étonné de la prestation remarquable d'un 3ème larron : Eddie Albert que j'avais complètement oublié. Ce qui est injuste : certes, son rôle se limite sur le papier à tenir la chandelle, mais il le fait avec une certaine joie, toute italienne et avec la bonne tenue qui sied à un bon copain. Il apporte une petite touche sympathique qui met en valeur finalement le couple Peck/Hepburn, mais également le spectateur, parce que témoin comme lui de cette histoire d'amour.
Un très joli film que j'ai adoré revoir aussi pour les quelques plans de Rome où quelques-uns de mes propres souvenirs aiment à s'égayer depuis l'été dernier.
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