Assez de leur offrir du caviar, maintenant on va leur donner de la purée et du jus de viandes !
L'histoire du studio Disney a toujours été sujet à controverse, dû aux interprétations divergentes, ce qui a beaucoup impacté la réception des films par la critique (et parfois le public). Les termes "pro" et "anti-Disney" ont commencé à émerger, et s'il était communément admis que le studio avait une patte unique comparable à celle d'un auteur, les films du studios ont toujours su créer le débat. Mélangeant le divertissement et les inspirations cinématographique et du conte, les intentions n'ont jamais été clair au yeux du grand public, ce qui a pu engendrer une confrontation très virulente, entre pro et anti-disney, sur les raisons qui motivent le studio à réaliser les films tel qu'ils le sont aujourd'hui. Malgré que ces tensions ce font de moins en moins virulentes depuis l'arrivé de Disney+ qui a su mettre à l'épreuve l'amour que peuvent porter les fans du studio, elles persistent toujours en creux, et cette citation en est le parfait exemple. Si l'on devine que cette métaphore culinaire provient du studio Disney et qu'elle aurait un sens très révélateur de la politique actuelle du studio, il est beaucoup plus difficile à concevoir que cette citation vient de Walt Disney lui-même, moins de 10 ans après la réalisation de Blanche Neige et les sept nains. Cette citation intervient après la Seconde Guerre Mondiale (du moins entre la fin de la guerre et la sortie de La Belle au Bois Dormant, les sources ne se concordent pas), Walt Disney vivait assez mal l'échec de Fantasia, et le studio avait mené une lutte médiatique acharnée contre le personnage de Buggs Bunny de la Warner Bros. Ce combat médiatique interposé permettait de ramener beaucoup d'argents via les courts métrages de propagande, mais celui-ci sera perdu par Disney sous plein d'aspect, que ce soit financier ou (surtout) populaire. C'est une période où sortira La Belle au Bois Dormant, échec historique pour le studio qui poussera Walt Disney à se détourner de l'animation pour privilégier le documentaire, les parcs d'attractions, la marque Disney à la télévision, et à consciemment réduire la qualité des films. Car oui, au risque de déranger certains pro-disney qui aiment se complaire dans une vision fantasmé de l'histoire, le studio Disney a toujours eu l'ambition d'être une entreprise du divertissement, et les films ont toujours eu de cesse de vouloir être rentable et de proposer un spectacle familiale avant d'être des films à propos. On vous voit les "fans" Disney qui disent avoir grandit avec les Disney des années 90, mais qui n'ont débuté le cinéma qu'avec (au grand maximum) Tarzan, et qui ont regardé continuellement dans le passé Disney pour "survivre" la période des années 2000 qui ne leur convenait pas. Il y aura bien eu quelques rares exceptions comme Dumbo et Bambi (dont le choix d'adaptation par Walt Disney est avant tout motivé par le besoin de deuil vis-à-vis de la mort de sa mère dont il était persuadé qu'il en était en parti responsable), mais le fait est que les films Disney, même les meilleurs et peu importe l'âge, ont avant tout été pensé et réalisé dans un but mercantile. Quel est la démarche derrière Pinocchio si ce n'est de profiter de l'attention accordé par le public après la projection de Blanche Neige et les sept nains ? Quel est la démarche derrière la production du Roi Lion (première long métrage pensé comme "original") si ce n'est de réutiliser la structure narrative de Bambi et d'engager l'un des compositeurs les plus en vogue à l'époque (ici Elton John) pour écrire une partition originale ? Quel est la démarche derrière la production de Dinosaure si ce n'est vouloir concurrencer dans le secteur de l'animation 3D ? Malgré leurs grandes qualités, quel est la démarche derrière la réalisation de deux films d'animation de princesse d'affilé, avec La princesse et la grenouille et Raiponce, si ce n'est vouloir rassembler le public autour d'une figure populaire qui a construit l'image médiatique du studio ? Disney a (quasiment) toujours pensé ses créations dans un but plus capitalistique qu'artistique et Disney+, et la période post Zootopie, n'a été qu'une radicalisation de cette démarche, conforté par le succès de ces films en salle ou en streaming. Cette radicalisation a commencé avec Vaïana, porté par certains comme le meilleur Disney de ces dernière années (alors que dans les faits c'est loin d'être le cas, encore une fois, même si ce n'est pas une majorité, on vous voit les "fans" qui ont snobé Vaïana à sa sortie et qui n'ont rattrapé le film que 5 ans après), et a enchainé la descente avec une Reine des neiges 2 très insuffisant (n'ayant à sauver que les chansons mais qui va tout de même forger une manière de scénariser les long métrages d'animation Disney post-Covid), un Raya and the last Dragon oubliable, un Strange World épouvantable, ainsi qu'un Encanto tout aussi agréable mais dans une démarche plus consensuelle... pourtant, et cela peut surprendre: ce n'est pas un problème. Surement que je noirci de trop le tableau car moins sensible que certains aux propositions Disney (je suis peu être plus "Dreamworksien" que Disneyen), mais si ces films ne m'ont pas convaincu moi, ils avaient (pour la plus part) un savoir faire et une réflexion pour rester un objet cinématographique cohérent avec une politique de divertissement... et puis j'aime être diverti. La seule condition est que cela soit bien fait, assumé, et sans trop de condescendance. Le dernier film en date, Wish, jouait dangereusement avec les limites, proposant une approche presque expérimentale de la narration et de la réalisation pour proposer un produit s'éloignant de plus en plus des conventions, entre vrai tentative expérimentale et vulgaire mashup grossier. De cela, on était en droit de sérieusement s'inquiéter pour Vaiana 2, long métrage dont la production fut compliquée, rappelant les téléfilms expérimentant durant l'avènement du DVD et du Direct en vidéo, et faisant suite à un film que j'avais moyennement apprécié à l'époque. C'est à ce moment que je vais devoir mettre les choses au point. Kit à faire de la redite sur ce que j'ai pu dire dans mes précédentes critiques (notamment Kung Fu Panda 4), à plomber un peu la lecture avec ce qui peut paraitre des pics difficiles d'accès sans la référence, et kit à tomber un peu plus dans une réponse plus ciblé durant cette critique, je préfère renouveler mes mises en garde et aller droit au but. Vous ne gagnerez rien à offrir du crédit sur des personnes qui ne regardent pas les films qu'ils mentionnent (voire les films qu'ils critiquent face caméra, parfois même avec le sourire) et qui ne plaisent que par leurs éloquences et leurs capacités à être violent dans leurs argumentaires sur des films supposément mauvais. Allez voir les films qui vous intéressent, arrêtez d'écouter des personnes désespérées et désespérantes qui se raccrochent à la moindre occasion de faire du buzz pour attirer l'attention, et surtout prenez du recul sur ce que vous pouvez entendre sur internet. Le youtube ciné Post Covid semblaient avoir été assez clair et efficace dans la sensibilisation de se construire un avis critique par soi même et d'arrêter de suivre des gourous qui ne font que réciter des inepties et des généralités non vérifiés pour au mieux se conforter dans une vision biaisé du cinéma qu'on ne veut pas remettre en question, au pire plus de clique. A croire que les chevalier blancs d'hier n'arrivent plus à conserver le goût pour leurs "passions", comme le précise l'un d'entre eux, il y a un retour du Covid, la perte de goût est l'un des symptômes. Je précise ça car je pense avoir abordé le film comme une majorité des spectateurs qui ont vu ce projet Vaïana 2 sortir en salle. Je pensais que certains discours défonçant le film allait conforter ma possible déception face à ce Vaïana 2, que cela ne servirait pas à grand chose de voir un énième film mitigé (voire mauvais) de la compagnie aux grandes oreilles, et qu'il m'était plus utile de me consacrer à mes critiques en retard que de prendre le temps de voir ce film en salle. Pourtant j'ai offert du temps au film, et celui-ci me l'a plutôt bien rendu car en bout de course: ce n'est pas si mal.
J'avais de très mauvais souvenirs de Vaïana premier du nom, à base d'une jeune fille accompagnée de deux celtics rigolos animaux qui tente vainement de monter un suspense et une tension autour de la réussite de son expédition, alors qu'elle est accompagnée d'un demi dieux et de (littéralement) l'Océan. "Je dois traverser l'océan alors que celle-ci est dotée de conscience et me permet d'affronter tous les danger, comment pourrais-je m'en sortir seulement accompagné d'un demi dieux ?". Ce qui me plait dans ce deuxième volet c'est que, qu'on ait vu le premier film ou non, on cherche à faire table rase du passé et véritablement bousculer Vaïana. Tout d'abord la nature du voyage qui n'est plus voulu, mais nécessaire. Vaïana ne voyage plus pour le plaisir d'accomplir elle-même une quête, le tout assisté par des forces surnaturelles qui lui faciliteront sa tache, il est avant tout question de responsabilités. On pourra légitimement remettre en question l'utilité de l'équipage de Vaïana (et on aura le temps d'en reparler plus tard), mais cela vient avant tout dans une volonté de mettre Vaïana face à de nouvelles responsabilités, et le film est conscient de cela. Qu'on le veuille ou non, en 1h30, il était impossible d'offrir une fonction supplémentaire à ces personnages qui sont avant tout le cœur émotionnelle du récit. Il faudrait créer un attachement émotionnelle artificiel sur les raisons de choisir eux plutôt que d'autres, développer cela chacun de leurs côtés proportionnellement, déborder d'au moins une demi heure par rapport au résultat final et, ceux qui ont vu le film le savent, le film n'a absolument pas besoin d'éterniser d'avantage. C'est pour cela que la sélection de l'équipage se fait en à peine 5 minutes de film (et non le cœur même du récit comme pourraient dire certains) et que l'équipage a l'air aussi effacé: Ce sont des représentants du village quelconque qui, de par leurs absences d'attache personnelle à la mission, deviennent l'incarnation de tout un village. Le centre du récit reste Vaïana, et toute l'épopée n'est faite que pour la voir évoluer, elle qui ne jure que par l'expédition en solo. Tout cela se résume dans la mise en scène, lors de la chanson "Rêver de mieux", où l'embarcation semble figé au milieu de l'océan tant que tout le monde ne soit pas convaincu d’œuvrer pour l'ensemble du groupe. Ensuite, l'expédition est avant tout faite pour mettre à l'épreuve Vaïana, il est donc logique d'enlever les forces de Vaïana dans le premier film, et de la laisser se débrouiller seule. C'est pour cela que l'Océan n'est plus là pour l'aider, Maui est isolé de Vaïana durant la première moitié du film, et que même s'il revient dans la seconde moitié, il sera impuissant dans le dernier acte. Pour la première fois, Vaïana est pleinement l'héroïne de son aventure, et évolue en tant que personnage. Là où le premier film était avant tout fait pour poser un décors et s'y aventurer, le deuxième volet nous propose de nous attarder sur l'aventurière derrière l'aventure, et comment celle-ci arrivera à trouver les ressources pour aller de l'avant. L'ensemble de la mise en scène et des cadrages viendra se focaliser là dessus (voire même un peu trop, on aura le temps d'y revenir un peu plus tard), toujours à la hauteur de ses personnages pour ne jamais rater une réaction ou un échange entre Vaïana et les différents personnages qu'elle est amené à rencontrer. Il est avant tout question de rencontres qui feront avancer Vaïana, ainsi que d'une dédiabolisation de l'autre. Les Kakatoa du premier film affichent une nature nouvelle lorsque Vaïana prend le temps de les écouter, et fait plus confiance à son équipage pour dialoguer avec eux. On y retrouve quelques concept déjà présent dans le long métrage Buzz l'Eclair et les échanges entre Buzz et son équipe (notamment avec la fameuse scène du sandwich) qui, faute d'être pertinent dans un bon film Pixar, était le terrain fertile pour travailler des concepts que Disney exploite beaucoup mieux dans ce Vaïana 2. Ainsi, le film déploie un propos moderne et rafraichissant, allant presque à l'encontre des logiques Disneyenne traditionnelle, poussant avant tout au replis sur soi et à la mise en valeur du retour à la maison. Tout comme Vaïana, Disney doit évoluer, s'agrandir, et ne plus se reposer sur ce qui a fait son succès passé. On peut toujours reprendre ce qui a fait notre succès (on y reviendra plus tard), mais il n'est plus question de chercher l'immobilisme, mais la stabilité, c'est tout le propos de l'appel de l'ancêtre à Vaïana lors du rêve au début du film.
Maintenant, j'ai beau être très laxe sur ce premier temps, il est évident que le film n'est pas parfait et qu'il y a des choses à redire. D'une part son rythme effréné sur son début, voulant expédier trop précipiter le début de l'aventure de Vaïana, ne permet pas de comprendre pleinement les raisons même de ce voyage, ni l'objectif en vu. Si l'antagoniste principal est plutôt bien installé, ce n'est pas le cas de la logique derrière l'île à découvrir, ou même celle derrière la malédiction lié au dieux antagoniste. Tout est expédié de tel sorte à ce que les détails les moins importants soient expédiés, mais à force de vouloir épurer au maximum, le film finit par montrer les limites de son scénario qui, en soit, est très simple et se base sur des choses trop bien connu du studio. On part d'une situation initiale idyllique, souvent dans un pays parfait, où le héros vit sa meilleure vie dans sa maison parfaite, puis l'aventure vient chambouler le quotidien du héros qui devra partir pour rétablir l'équilibre, celui-ci s'obtenant en apprenant à mieux comprendre sa maison (Strange World, Raya and the last Dragon,Zootopie,... on est quasiment toujours sur ce même créneau). Le soucis étant qu'avec ce film, on suit quasiment trait pour trait le scénario de Reine des neiges 2, et ce bien après d'autres films Disney. Dans un film qui prône l'arrêt de l'immobilisme, cela devient contradictoire que le film ne dépasse jamais la base qu'elle exploite. On pourrait se dire qu'Encanto aussi, mais les deux films ne prônent pas le même message, et (surtout) Encanto avait pensé remédier à cela à travers la quête de Mirabelle (aussi pénible soit-elle) devant chercher d'elle même comment faire en sorte que tout rentre comme avant. Ici le film suit trait pour trait le scénario de Reine des neiges 2, alors que étant déjà une histoire se voulant une excuse pour prolonger l'univers du premier film. On en vient à manquer d'intérêt sur ce qu'on regarde, c'est mis en avant par l'absence d'éléments qui pourraient capter l'attention ailleurs que sur le scénario et sur le fait que, là aussi, Vaïana 2 cherche une excuse à prolonger l'univers du 1er film. D'une part les personnages qui, même s'ils sont le cœur du récit et qu'ils sont plutôt agréable, n'apportent pas grand chose humainement parlant. Le vieux apporte peu être un peu de difficulté quant à la cohésion du groupe, mais le film exclu très vite ces questionnements pour se focaliser sur l'évolution de Vaïana qui, même si c'est le centre du film, n'arrive jamais à être captivant. Il faudra attendre le climax pour voir à quel point l'évolution de Vaïana peut générer des images fortes et puissantes qui donne un sens à toute l'aventure. D'autre part, l'idée d'image forte amène la question du choix de cadrage, focalisé sur les personnages, qui empêche de pleinement profiter de l'action en elle-même et des décors. Le film résout partiellement le problème en limitant le décors à l'embarcation, laissant perdre ses personnages dans un océan à perte de vu (grandement mis en avant grâce aux avancés technologiques depuis le premier film qui permettent plus grande profondeur de champ, et légitimer l'excès de détails qui faisait gadget dans les précédents films du studio). On est alors renvoyé à des concepts de redécouverte de soi à travers notre perte dans l'océan, le tout illustré par des hommages au capitaine Ahab dans le Moby Dick de Melville ou à l’œuvre d'Ivan Aïvazovsky, jusqu'à prendre une tournure presque mythologique dans son dernier acte qui reprend la configuration de La Naissance d'Aphrodite (ceux qui ont vu le film pourront y voir un parallèle entre Ouranos et Maui, ainsi que tout le jeu vertical entre la douleur d'un personnage qui donne naissance aux pouvoirs d'un autre). Malheureusement, mis à part son climax et sa fin, la majorité du voyage pâti du fait d'être montré à hauteur de personnages. L'un des moments les plus décevant à ce niveau reste la palourde géante, dont l'immensité déborde du cadre mais qui n'arrive jamais à réellement submerger Vaïana (comme pouvaient arriver certains personnages du premier film), diminuant ainsi sa grandeur. Tout cela fait que le film n'arrive jamais à avoir d'instants marquants autre que les tournants forts dans l'évolution d'un personnage... chose qui arrive trop rarement. Pourtant, je reste persuadé que le film réussit quelque chose que les autres films Disney n'ont pas tous réussit.
Vaïana 2 est loin d'être un film parfait, et n'est pas dans la branche haute des meilleurs films d'animation Disney, le plus gros soucis étant qu'il introduit plus qu'il ne construit. A vouloir justifier l'existence de ce récit par rapport au premier film, et à préparer le chantier pour le troisième film, on finit par ne plus avoir de réel récit pour ce second volet. On le voit notamment à travers ses antagonistes et son personnage de sorcière entourée de chauves-souris qui, malgré des séquences plutôt efficaces, n'arrive pas à convaincre au niveau de ses motivations, elles-même très difficile à cerner. Malgré tout, le film arrive à me rendre accessible le monde de Vaïana avec lequel j'étais passablement hermétique. Les personnages me paraissent bon et attachants (quoi que sous exploité par instant), je ne ressens plus l'humour forcé avec le cochons ou le poulet qui sont plus mis en retrait, et je suis prêt à attendre un troisième volet qui a enfin de bonnes bases pour prolonger un univers qui m'intéresse. J'y suis allé en étant certain que je n'aimerais pas, et j'ai finalement trouvé le film bon (et non juste "pas mauvais"). Les fans de Disney ne trouveront pas forcément leurs bonheurs car les musiques se font plus rares et n'ont pas la même valeurs que les autres films du studio, mais pour quelqu'un qui cherche juste un bon divertissement, ce film est plus qu'honorable. N'ayez pas honte d'aimer ce film, ni même tous les films Disney que j'ai pu critiquer en introduction de cette critique. Soyez juste en accord avec vous-même, comprenez ce que vous regardez, et ne laissez pas de mauvais discours pourrir vos visionnages.
11/20
N’hésitez pas à partager votre avis et le défendre, qu'il soit objectif ou non. De mon côté, je le respecterai s'il est en désaccord avec le miens, mais je le respecterai encore plus si vous, de votre côté, vous respectez mon avis