Huit ans après Vaiana : La Légende du Bout du Monde, Disney nous envoie Vaiana 2 et aurait pu s'abstenir. Pour comprendre la genèse de Vaiana 2 et son caractère hyper formaté et non essentiel, il faut prendre en compte plusieurs détails qui ont leur importance :
- John Musker et Ron Clements (La Petite Sirène, Aladdin, Hercules, La Planète aux Trésors) ont laissé leur place à un trio de cinéastes méconnus, qui signent leur premier film. Seul l'un d'eux a déjà bossé sur Encanto. Pour l'une de ses licences phares, Vaiana perd son duo de cinéastes qui connaissent Disney mieux comme personne.
- Vaiana 2 arrive pour relever financièrement Disney et il le fait plutôt bien (726 millions de recettes mondiales actuellement). En effet, face à un MCU en perte de vitesse, des fours financiers du côté des créations originales (Wish : Asha et la bonne étoile) ou des licences embourbées dans des imbroglios créatifs (Star Wars, Pirates des Caraïbes), c'est des valeurs sûres qui doivent corriger la panne sèche. Résultat, on va se taper La Reine des Neiges 3, 4 puis Zootopie 2. C'est un produit réalisé plus dans l'urgence que dans le souci de créer quelque chose d'aussi intéressant et abouti que le premier opus.
- Initialement pensé comme une série, Vaiana 2 a été précipité en salles pour pallier à la décrue financière de Disney. Malheureusement ça se ressent dans la construction narrative. Il faut aller vite, trouver les MacGuffin, mettre en oeuvre un faux climax et projeter la suite comme un regroupement de supers-vilains (avec un sosie de Thanos version Poséidon).
Il faut faire son deuil d'un Disney inventif et accepter que les dernières réussites deviennent les licences malheureuses de demain. Là où Dreamworks s'est calmé un bon coup en nous offrant le chef-d'oeuvre "Le Robot Sauvage" en attendant un Shrek 5 que la firme aura patiemment attendu de sortir (et donc, sûrement préparé correctement), Disney fait de l'offre commerciale, pour renflouer les caisses. Alors certes, c'est beau, ultra-travaillé et dynamique, mais tout est convenu, déjà-vu, la même soupe nous est servie.
On profite cependant de l'instant parce que on apprécie l'univers, on aime les personnages et les dynamiques qu'ils entretiennent entre eux, on s'y attache même. Mais rien de plus. L'apport de personnages secondaires n'est pas spécialement intéressant non plus tellement ils sont clichés. On ne retient que Vaiana (et sa petite sœur !) et Maui. Le reste c'est bis repetita. La magie s'évapore. Si un méconnaisseur du premier volet verrait le film, il répondrait "Mouaif, c'était sympa. Bref, on mange quoi ce soir ?". Si le cinéma d'animation de Disney en est réduit à ça, ce sera vite triste malheureusement. Par ailleurs, et c'est une honte : Où sont les musiques de Lin-Manuel Miranda et Jean-Michel Vaubien ?
En bref, c'est juste bien. Mais c'est un peu triste de dire de la suite d'un si magnifique film d'animation de 2016 que c'est juste bien.