Disons-le: c'est mauvais. Et j'étais d'autant plus consterné que j'en ai attendu quelque chose. Déjà, ça démarre très mal, avec cette putain de prononciation de merde des acteurs parisiens de la "génération Mitterrand" qui est ARCHI-pénible et dont on ne sait pas d'où elle sort. PERSONNE n'a jamais prononcé le français comme ça, et certainement pas la sœur de Charette qui débarque de plain-pied sous les traits d'une espèce d'hystérique pour asséner avec son accent ridicule: "Cett' quueunouille, vous ssavé sque ça ssignifie? La rrhécopanse des llèches!"
Bordel, mais ils n'ont donc pas de cours de diction? Il n'y a pas un metteur en scène sur le plateau pour gueuler "Coupez!" et la reprendre: "Attends, cocotte, tu la sors d'où, ta prononciation? T'as jamais entendu causer français? Tu crois vraiment que Marie-Anne Charette disait "oué, d'accorrhh" avec un air faussement pincé et se tortillait comme Pazuzu coincé dans un Playtex pour parler de quenouille?" Mais il semblerait que ce soit une tendance générale dans les adaptations "historiques" bas-de-gamme, ces dernières années. Ainsi, même problème, non avec Anne Serra, mais avec Thomas Coumans dans le rôle de Raphaël de Valentin (!) Pauvre Honoré: la Peau de chagrin méritait mieux.
Bon, si ce n'était que ça, ce serait déjà grave, parce que ça donne envie de foutre des tartes ou de se barrer d'entrée de jeu. Mais le pire est à venir. Où est Charette, là-dedans? Ce personnage qui tient l'affiche éponyme ressemble au vrai Charette comme moi à une vahiné tahitienne. Je m'étais dit (fol espoir que je caressais là) qu'on aurait droit à une peinture sérieuse et fouillée du caractère de Charette, à des reconstitutions fidèles... Je ne demandais rien d'impossible, je savais que le budget était mesquin; mais on n'a pas besoin d'une fortune pour faire du bon boulot. Dans les années 1960, Decaux et Castelot arrivaient à faire une "Caméra explore le temps" absolument palpitante avec trois morceaux de ficelle et des bouts de carton. Pour Vaincre ou mourir, rien de tel: historiquement, c'est plus que décevant, psychologiquement, on passe totalement à côté du vrai Charette, quant à la vraisemblance... "oué d'accorrhh" - exaspérant.
Vaincre ou mourir? On en sort mort, effectivement. D'ennui.