On est dans un pur revenge movie aux allures de western crépusculaire qui ne fait pas dans la dentelle, porté par un Burt Lancaster au charisme dingue qui a troqué son sourire sponsorisé Colgate contres des burnes en acier trempé : 90% des plans sont hantés par sa trogne et c'est tant mieux tant il transpire la classe.
Niveau script, c'est sans bout de gras; apparemment, c'est adapté d'un bouquin qui a été sabré de nombreux passages intéressants pour l'occasion — ce qui me donnerait bien envie de le bouquiner—. Sans doute décevant pour ceux qui l'ont lu, mais du point de vue d'un mec qui ignore tout de l'histoire originale, je dirais que c'est tant mieux tant je n'ai pas vu le temps passer : j'ai clairement apprécié que l'histoire aille à l'essentiel et ne s'égare jamais.
Le pitch est super basique : pendant 30 minutes, papy Burt s'en prend plein la gueule jusqu'à ce qu'il bascule mentalement et se rappelle son passé de soldat d'élite. A ce moment là, à l'instar d'un John Rambo des années plus tard, il remise au placard la bienséance pour dessouder du salopard en série, et ça fonctionne du tonnerre : en tant que spectateur, on est avec lui coeur et âme jusqu'au dénouement, couillu à l'image du film, d'aucune manière flatteur ni facile à accepter pour le spectateur, mais particulièrement respectable dans son audace.
Si niveau casting et histoire, c'est d'une solidité à toute épreuve, on pourra regretter une mise en scène et un coup d'oeil un peu contenu. C'est carré et bien foutu, mais ça manque un poil de personnalité, je n'aurais personnellement pas craché sur des plans plus iconiques de Burt, même si en l'état, le côté brut de décoffrage du traitement peut aussi se défendre. Et finalement, en y réfléchissant bien, cette dépouille d'artifice sert le propos, alors qui suis-je finalement pour faire le fine bouche sinon un vieil ours qui aime bien les belles photographies.
Un autre détail m'a un peu embêté, c'est l'accent que prend Lancaster ainsi que les fautes d'anglais qu'il fait volontairement pour faire croire qu'il est Mexicain. Pas certains que ce fut nécessaire, ça m'a un peu fait tiquer personnellement.
M'enfin bon, rien de bien méchant, alors ne boudons pas notre plaisir, en définitive ce Valdez est un film terriblement singulier, une bobine dont on se souvient assurément. Et puis réservons le mot de la fin pour Burt Lancaster qui y est magnétique — et comme on se refait pas, un petit clin d'oeil aussi à Susan Clark qui en un regard te transperce le coeur—, sa prestation est à saluer tant il s'investit : physiquement, ça a du être quelque chose pour lui ce tournage. Il est de toutes les prises ou presque, et il assure comme jamais. Respect.