J’apprécie toujours de voir des acteurs jouer en dehors de leurs registres habituels. C’est le cas dans ce western où Burt Lancaster n’a rien du héros viril mais est au contraire un personnage faible, humilié, un « basané » méprisé. Il habite ce rôle avec conviction et de manière convaincante, rien de forcé ou de surjoué. Son personnage, Valdez, est néanmoins plus épais qu’il n’y paraît au premier abord. Ce « faible » peut se montrer redoutablement obstiné quand son sens de la justice est en jeu. De plus, il sait tirer, se déplacer, s’imposer… après une ultime scène d’humiliation où il se trouve attaché à des bouts de bois, et renvoyé à pied, suivant un chemin de croix qui peut s’avérer fatal, il se rebiffe pour obtenir la réparation qui lui semble juste envers une indienne dont l’homme a été injustement tué :
Peut-être qu’on devrait donner quelque chose à la femme, comme elle n'a plus d’homme.
Alors que personne n’attache d’importance à cette histoire, lui ne lâche pas l’affaire et répète tel un mantra : « cent dollars » voulant dédommager cette veuve. Il le demande d’abord humblement, doucement, puis plus fermement et résolument et il finit par s’imposer à ceux qui se jouaient de lui et à ses poursuivants jusqu’à cette scène finale très déroutante, ne répondant à aucun code et ne nous offrant même pas le duel au pistolet que nous attendons.
Valdez, un western atypique : non pas une histoire de vengeance comme on en voit très souvent dans ce registre, mais un antihéros qui exige réparation face à l’injustice et qui prend soin des faibles, comme l’est son otage. Malgré quelques problèmes de rythme, c'est un western prenant, profond, sobre porté par un très bon Lancaster et une flopée de bons seconds rôles.
Dis-moi quelque chose. Qui es tu ?
Je te l’ai déjà dit : Bob Valdez
Tu sais quoi Bob Valdez ? T’en as touché un, je crois, entre 650 et 750 mètres.
900 plutôt.
C’était quoi ? Du gros calibre ?
Mes balles à moi.
Tu chasses le bison ?
Les Apaches.
Je m’en doutais. Quand ça ?
Quand je n’avais rien dans la tête
Tu sais combien de nos gars sont morts ?
Onze
Tu comptes ?
Ça m’aide.